
Nom du blog :
jehannedarc
Description du blog :
Autour de Jehanne la Pucelle, dite "Jeanne d'Arc".
Articles et travaux divers.
Catégorie :
Blog Société
Date de création :
23.01.2010
Dernière mise à jour :
17.11.2025
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Derniers commentairesprobablement quelqu'un de sa suite...
http://jehanne darc.centerblo g.net
Par jehannedarc, le 19.02.2018
pour laurie thinot. pardon pour le retard... à vous répondre. je n'ai pas connaissance à l'heure actuelle de c
Par jehannedarc, le 07.03.2017
très intéressant! nous y faisons même quelques découvertes!
merci de nous contacter sur le site des "secrets
Par webmestre, le 07.02.2016
bonsoir,
votre liste est impressionnant e ! je vous félicite !
auriez-vous connaissance d'un guillaume de
Par Thinot Laurie, le 23.06.2015
sait-on qui est thomas mitard à qui s'adresse la reine isabeau ?
Par Anonyme, le 04.11.2014
Siège d'Orléans (Vigiles de Charles VII)
DETRESSE DE LA VILLE D'ORLEANS ASSIEGEE
"... Après la journée des Harens - dit Perceval de CAGNY - les Anglois des bastilles devant Orliens gardèrent que nulz vivres ne pussent venir à ceulx de dedens, et tant que ilz avoient très-grans deffaults de pain et pour y pourvoir envoyèrent plusieurs fois devers le roy qui assembla ses capitaines pour adviser par quelle manière on leur pourrait mener des blés et autres vivres. Nulz d'iceux n'osa entreprendre la charge, pour la doubte desditz Anglois qui estoient, d'un costé et d'autres, à bien grand nombre en leurs bastilles et, avecques ce, tenoient les villes et places au dessus de la rivière et au dessoubz."
(Perceval de Cagny, Chron. du duc d'Alençon - Quicherat, IV, p. 4)
Un notable habitant d'Orléans, Jehan LUILLIER, entendu dans l'enquête du procès de réhabilitation, s'exprime en termes semblables :
"Les Orléanais - dit-il - et tous ceux qui s'étaient venus joindre à eux étaient réduits par les assiégeants à de telles extrémités qu'ils ne savaient plus de qui attendre du secours, sinon de Dieu seul...
"... ipsi autem cives et omnes habitantes erant in tantâ necessitate positi, per adversarius tenentes dictam obsidionem, quod nesciebant ad quem recurrere pro remedio, nisi solum ad Deum"
(Déposition de Jehan Luillier, bourgeois d'Orléans - Quicherat, t. III, p. 23.)
On a pu remarquer également le passage de la Chronique de la Pucelle (édition Vallet de Viriville, p. 266) :
"... Et ainsi appert que la ville fut enclose, tant de la partie de Beauce que de Soulongue, de treize places fortifiées, tant boulevarts comme bastides, dont la cité fut en telle destresse qu'ils ne peurent avoir secours de vivres par eaue ny par terre..."
Jean CHARTIER, historiographe de France, et contemporain du siège, dit à son tour :
"Après que ledit siège eust esté tenu par iceux Anglois, devant icelle ville d'Orliens, par l'espace de sept mois, et qu'il y eust esté fait plusieurs grandes vaillances d'un costé et d'autre, ladite ville estoit en si grande nécessité, que bonnement ne pouvoit plus durer, pour la grande nécessité de vivres qui là estoit..."
(Jean Chartier - Histoire de Charles VII - Edition de 1661, p. 18.)
Cette extrême détresse des assiégés constatée par tant de témoignages, l'impossibilité à laquelle ils se trouvaient réduits, d'avoir secours de vivres, par eau ni par terre,le refus des capitaines de Charles VII d'entreprendre d'y mener des blés et autres vivres, ne suffieraient-ils pas à prouver que l'investissement de la ville était complètement achevé lorsque survint la Pucelle, et que la large lacune de quatre kilomètres laissée libre, à l'apparence, entre Saint-Pouair et Saint-Loup, était, en réalité, interceptée par l'armée assiégeante ?
(Mémoires de la S.A.H.O., tome quinzième, 1876, note 7, p. 89 et 90)
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Les femmes au siège d'Orléans
On trouve peu de femmes citées dans les textes, et très souvent leurs noms restent ignorés.
On parle de quelques-unes, à Orléans, au temps du siège :
- Vendredi 15/10/1428 : les anglais s'emparent du couvent de Saint-Loup, que les religieuses avaient abandonné pour se réfugier dans la ville. Ils y élevèrent une forteresse, au milieu de laquelle ils laissèrent subsister l'église de la communauté, et couservèrent à l'ensemble le nom de Saint-Loup. Les religieuses récupérèrent leur couvent après la délivrance de la cité.
- Dimanche 17/10/1428 : les anglais avaient placé une batterie de canons, entre Saint-Jean-le-Blanc et le Portereau. Ces canons, appelés "passe-volant", lançaient des pierres d'un poids de 80 livres et plus. L'une d'elle tua une femme, à la poterne Chéneau, d'autres endommagèrent plusieurs maisons voisines de l'église Saint-Donatien, ainsi que l'église elle-même.
- Vendredi 22/10/1428 : les anglais, qui avaient fait passer toutes leurs forces au Portereau, attaquent avec fureur les "Tournelles" du pont, lesquelles sont défendues avec une grande valeur par les habitants et la garnison sous les ordres de Dunois.
Les femmesd'Orléans apportaient de la ville des tuiles, de la chaux, des graisses brûlantes, des cendres, de la poix, des cercles de fer rouge, des chaussetrappes, etc.
Certaines prirent même la lance. Les ennemis, après quatre heures d'assaut, abandonnèrent leur entreprise. Ils eurent plus de 200 hommes tués ou blessés.
- Dimanche 06/03/1429 : prise d'une "damoiselle Angloise" et de six marchands qui se rendaient aux forts des ennemis, du côté de Saint-Laurent. Quel fut le sort de cette "damoiselle", et que venait-elle faire là ?
On a par contre les noms des quelques femmes, orléanaises, qui furent requises comme témoins au Procès de Réhabilitation de Jehanne la Pucelle (voir sur ce site).
Pour l'achat de l'Hôtel des Créneaux par la ville, en 1442, pour en faire l'Hôtel de ville, sont citées : la femme Françoise BELLIèRE et la dame Gille MORELLE.
On a aussi le nom de Jehanne la PIGNIE, de Jargeau, "espie" (espionne) pour les Anglais.
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Le siège d'Orléans
Les Anglais sont devant Orléans depuis le 12 octobre 1428 sans avoir jamais pu escalader les murs de la ville située au nord de la Loire. Devant l'héroïque résistance des habitants, ils en ont fait le siège, comptant ainsi les réduire par la famine.
Après de furieux combats, le fort des Tourelles, tête de pont de la rive gauche, était tombé entre leurs mains. D'importants ouvrages fortifiés furent alors construits des deux côtés du fleuve, enserrant la ville presque dans son entier.
Cependant, au nord-est d'Orléans, du côté de la forêt, les Anglais avaient volontairement laissé une brèche par où devaient tenter de passer les convois destinés à l'assiégé. Voulant se les approprier, ils avaient établi secrètement, en plein bois, un puissant poste d'observation d'où ils pouvaient surveiller les routes traversant la forêt et empêcher ainsi toute expédition de secours d'aboutir.
Telle est la situation désespérée d'Orléans lorsque Jeanne apparaît. Seul un miracle peut délivrer la ville. Ce sera le signe qu'elle doit donner de sa mission. Sa foi est invincible.
Pourtant une première déconvenue l'attendait. Ses Voix lui avaient dit de prendre la rive droite. Mais les chefs qui l'accompagnent, afin d'éviter "la plus grande puissance des Anglais" établis en Beauce, lui imposent de passer par la Sologne. Aucune précision n'est fournie par les textes anciens quant aux points de repère entre Blois et Orléans. Mais il est des facteurs dont nous avons voulu tenir compte : la nécessité d'aller au plus court tout en évitant les places occupées par l'ennemi - La Ferté-Saint-Cyr, la Ferté-Saint-Aubin, Olivet, le fort des "Tournelles" (les Tourelles) à l'extrémité sud du pont d'Orléans, les chemins en usage à l'époque et les traditions.
Nous avons donc opté, parmi les divers itinéraires proposés, pour celui qui nous a paru le mieux répondre à ces exigences : la route de Cléry qui lui faisait longer la Loire à quelques kilomètres de distance. Cette région était aux mains des Français et protégée par le château-fort de Chambord. Ce qui assurera la progression de l'armée sans être attaquée.
Commandant la défense de la place, le bâtard d'Orléans (celui qu'on appelera le brave Dunois) était responsable de la marche suivie... "En nom Dieu, le conseil de mon Seigneur est plus sûr que le vôtre", s'écriera-t-elle, indignée, lorsqu'elle lui fait constater l'impossibilité où il se trouve de transporter l'armée par bateau sur l'autre rive. Il aurait fallu remonter le courant et le vent était contraire ! "Vous avez cru m'abuser et c'est vous qui vous abusez."
Malgré son désir de ne pas se séparer de ses troupes qui durent, pour prendre la rive droite, retourner à Blois, car il n'y avait pas de pont libre avant cette ville, elle cède aux supplications de Dunois et se décide à traverser le fleuve en face de Chécy, à l'aube du 29 avril 1429, avec La HIRE et deux cent lances, devant les Anglais immobilisés par une inexplicable terreur. Auparavant elle avait conjuré la famine en embarquant au port du Bouschet, en face de Saint-Jean-de-Braye, dès que le vent eut tourné selon sa prédiction, le convoi de vivres envoyé par Yolande d'Aragon et qui devait aborder à la grève de Saint-Aignan.
Elle trouve hébergement sur la paroisse de Chécy, au lieu dit Reuilly (1) et y demeure jusqu'à la chute du jour, afin de n'entrer à Orléans que de nuit, "pour éviter le tumulte du peuple."
(1) Une croix a été érigée sur le territoire de Reuilly en amont de Chécy, en souvenir de ce fait.
Extrait de "En suivant Jeanne d'Arc sur les chemins de France", de M.F. Richaud et P. Imbrecq, Librairie Plon, Paris, 1956, p. 21,22,23.
nb : voir aussi "La première mission de Jehanne", sur ce site.
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Jeanne d'Arc en armes marche sur Orléans
Jeanne quitte Tours le 23 avril (1429) pour gagner Blois où l'attend une petite armée de trois mille hommes environ (*). La ville était en émoi, remplie "d'hommes d'armes, de peuple, attirés par les choses merveilleuses qu'on disait de la Pucelle, ou de gens d'Eglise, de prêtres, de moines des abbayes voisines qui avaient fui devant les Anglais".
Jeanne entre dans le château "aux acclamations de cette foule". Elle y séjourne les 25, 26, 27 avril 1429.
Avant de se diriger sur Orléans, Jeanne fait parvenir, par un héraut, aux chefs de l'armée anglaise, une lettre qu'elle a dictée, étant à Poitiers, et où elle somme l'ennemi de faire la paix : "Roi d'Angleterre et vous, duc de Bedford, qui vous dites régent du royaume de France... faites raison au Roi du Ciel. Rendez à la Pucelle (1), qui est envoyée de par Dieu, les clés de toutes les bonnes villes que vous avez prises et violées en France... Elle est prête à faire la paix si vous lui voulez faire raison, c'est-à-dire si vous abandonnez le territoire de la France en réparant les dommages que vous nous avez causés... Si ainsi ne faites, attendez des nouvelles de la Pucelle qui vous ira voir bientôt, à votre grand dommage... Et n'ayez point d'opinion d'y demeurer plus (en France); car vous ne tiendrez point le royaume de France de Dieu... Celui qui le tiendra, c'est Charles, vrai héritier... Répondez si vous voulez faire la paix, en la cité d'Orléans, où nous espérons être bientôt."
L'armée qu'elle a rejointe est composée de braves, certes, mais de braves qui sont aussi des pillards sans aveu. Jeanne, l'envoyée de Dieu, ne saurait les accepter ainsi. "Frère Pasquerel, dit-elle à son aumônier, il faut convertir nos soldats...".
Et à ceux-ci : "Que pas un ne se joigne à nous qu'il ne se soit d'abord confessé !".
Et c'est bannière en tête et au chant du Veni Creator que cette armée se mit en marche le 27 avril au matin. Cette bannière des prêtres avait été bénite dans l'église collégiale Saint-Sauveur (2). (On retrouve également, en Vienne, faubourg de Blois, sur la rive gauche de la Loire, le souvenir de Jeanne dans l'église Saint-Saturnin où elle alla invoquer Notre-Dame-des-Aydes, le 26 avril 1429).
Jeanne d'Arc partit de l'église Saint-Sauveur et, descendant jusqu'à la Loire par les rues de la vieille ville, traversa le fleuve sur le Vieux Pont, à quarante mètres en aval du pont actuel.
(1) Au cours de son procès, Jeanne protesta contre cette phrase dans sa réponse à l'évêque qui lui demandait si elle reconnaissait cette lettre. Elle affirma que l'on doit mettre "rendez au Roi" là où est dit "rendez à la Pucelle". (La lettre originale a disparu ou a été détruite).
(2) Le n° 2 de la place du Château marque l'emplacement de l'église.
Extrait de "En suivant Jeanne d'Arc sur les chemins de France", de M.F. Richaud et P. Imbrecq, Librairie Plon, Paris, 1956, p. 19 et 20.
(*) nb : sans doute plus proche de 2.000 que de 3.000 (note du webmaster).
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Pour contribuer un peu à l'Histoire
La première mission de Jehanne
Le convoi de ravitaillement arrivé à Orléans, avec Jehanne la Pucelle, le 29 avril 1429
Avril 1429 - Orléans est assiégée depuis octobre 1428 par les troupes anglo-normandes.
Jehanne, considérée alors comme chevalier, part de Blois avec sa petite troupe, accompagnée d'une armée et escortant un convoi de ravitaillement.
A Chécy, près d'Orléans, le vent devenu favorable, des bateaux purent y monter, que l'on affréta afin qu'ils redescendent la Loire vers la ville, chargés en particulier de blé.
Quant à Jehanne, elle fit son entrée solennelle vers 20 heures, au soir du 29 avril 1429, et fut accueillie avec enthousiasme par la population.
Avec elle, devaient suivre les armes, les munitions, les canons et une partie des vivres venus de Blois. Le blé, lui, transita donc par un chaland.
Tandis que Jehanne prenbait gîte chez Jacques BOUCHER, trésorier du duc d'Orléans, les responsables de la cité décidèrent de reporter au lendemain le déchargement et le stockage du contenu du chaland.
Jehan Le CAMUS trouva quatre hommes qui passèrent la nuit sur l'embarcation, pour ne pas la laisser sans surveillance, au cas d'un raid anglais, et aussi pour éviter que de mauvais drôles ne viennent se servir.
L'un des notables, Guiot BOILEVE, proposa de louer son grenier pour y entreposer la plus grande partie de la cargaison. Comme tout n'y tiendrait pas, Gilet GUERET traita de gré à gré pour la location du sien, plus petit semble-t-il, afin d'accueillir le reste.
Au matin du 30 avril, sous la surveillance du sergent Colin NOLET et du notaire Jehan CASEAU, des hommes réquisitionnés par Jehan Le CAMUS vidèrent le contenu du chaland, montèrent les sacs de blé près de la porte Bourgogne, et aidèrent au chargement dans des chariots qui y avaient été amenés, pour le transfert en ville vers les deux greniers.
Les hommes de Jacquet COMPAING, Charlot L'HUILLIER, Guillot TOËT (24 porteurs pour ce dernier) s'affairent au chargement des véhicules, et sur le dos de ceux qui transportent des sacs à dos d'homme. Charlot a même fait venir une femme, afin de recoudre les sacs qui pourraient être déchirés ou percés.
Les voituriers sont prêts à partir : Colin GALLIER, avec 8 charrettes, Bernard du PUY qui fera trois voyages avec la sienne, et un certain CASEAU (famille du notaire ?) qui en fera deux, et le "varlet" de la paroisse Saint-Marc, tout près de là, qui fera aussi trois voyages.
Raoulet de RECOURT, Fouquet ROSE et quelques autres avaient été placés en divers endroits, le long des rues, sur le passage des convois, afin de noter les rotations, s'assurant ainsi du nombre des sacs et qu'ils ne dérivaient pas du chemin prévu. Le blé fut ainsi mis en sûreté dans les deux greniers.
Il fallut ensuite le mesurer. Le notaire Jehan CAILLY y vaqua plusieurs journées, accompagné entre autres de Pierre NOVION qui, lui, y passa douze jours. C'est dire si le stock entreposé était important ! (dans ce nombre de jours est probablement compris le temps passé pour la distribution).
Guiot BOILLEVE dut loger et nourrir chez lui certains de ceux qui firent le travail, tels que Jehan MORCHOASME, Jehan MARTIN, le notaire CAILLY peut-être, et quelques autres, car il reçut 4 sols parisis pour sa dépense.
Cette opération a dû mobiliser une soixantaine de personnes, que la ville paya ou fit payer.
Au vu du nombre des charretées, on peut estimer que ce sont entre 1.500 et 2.000 sacs de blé qui arrivèrent ce jour-là, nombre important, si cette estimation est correcte.
Les orléanais purent ainsi fabriquer le pain qui leur manquait.
Les registres de la cité font mention de l'arrivage du blé et de l'entrée dans la ville, ainsi que des sommes payées ou remboursées aux protagonistes.
Presque six siècles après, il est émouvant de connaître les noms de ces gens, qui passent ainsi un peu à la postérité.
EXTRAIT DES COMPTES DE LA VILLE
1°- Blé du 29 avril amené par bateau :
"A Jehan Le CAMUS, pour bailler à quatre hommes qui couchèrent au chalan au blé la nuit que on l'amena - 8 sous parisis.
"A Jehan Le CAMUS, pour bailler à certains compaignons qui apportèrent le blé du chalan à la porte Bourgoigne et qui aidièrent à charger les voittures - 12 sous parisis.
"A Colin NOLET, sergent, et Jehan CASEAU, nottaire, pour leur sallaire d'avoir faict informacion, pour la ville, du blé emblé (pris) au chalan - 44 sous parisis.
2°- Louage de greniers pour recevoir le blé :
"A Gilet GUERET, pour le louaige de son grenier où a esté mis et distribué partie du blé amené de Bloiz, aux deux fois, par composition faicte avec luy - 64 sous parisis.
"A Guiot BOILLEVE, pour le louaige de son grenier où a esté mis la plus grant partie du blé de la ville et mesuré - 4 livres parisis.
3°- Portage de ce blé :
"A Jehan Le CAMUS, pour paier deux hommes qui ont aidié à porter le blé derrenièrement amené - 4 sous 7 deniers parisis.
"A Jacquet COMPAING, pour bailler aux porteurs de la porte Bourgoigne, pour ce qu'ilz aidièrent à descharger les bléz qui derrenièrement furent amenés en ceste ville - 16 sous parisis.
"A Charlot L'UILLIER, pour despence faicte en chargeant ledit blé à la porte Bourgoigne, et pour une femme qui couzait les poiches qui estoient despecées - 2 sous 8 deniers parisis.
"A Guillot TOËT, pour le sallaire de luy et de 24 porteurs qui ont porté le blé de la ville, de la porte Bourgoigne en grenier, par marchié faict avec eulx - 7 livres 4 sous parisis.
4°- Transport par voitures :
"A Colin GALLIER, pour huit voictures de ses chevaulx et charrette d'avoir mené de la porte Bourgoigne en l'ostel de Guiot BOILLEVE partie du blé de la ville naguières amenés de Bloiz; à 16 deniers parisis la voitture, valent 10 sous 8 deniers parisis - 10 sous 8 deniers parisis.
"A Bernard du PUY, voicturier, pour trois arres (*) de sa voicture à amener ledit blé - 4 sous parisis.
"A CASEAU, pour arres (*) de semblable cause - 2 sols 8 deniers parisis.
"A Jehan Le CAMUS, pour bailler au varlet de Saint-Marc pour trois arres (*) pour semblable cause - 4 sous parisis.
(*) arres ou arroy : du mot latin arraiare = harnacher un cheval. On peut dire ici chargement ou charretée.
5°- Contrôle du chargement :
"A Raoulet de RECOURT, pour despence faicte par luy, Fouquet ROSE et aultres, qui tailloient (marquaient sur des tailles ou registres) les arres dudit blé au long des rues - 4 sous parisis.
6°- Mesurage du blé dans les greniers :
"A Pierre NOVION, pour son sallaire de douze journées qu'il a vacquées à mesurer le blé de la ville, à 4 sous parisis par jour, valent : 48 sous parisis.
"A Jehan CAILLY, nottaire, pour plusieurs journées d'avoir vacqué à mesurer le blé - 6 livres parisis.
"A Guiot BOILLEVE, pour despence faicte en son ostel quand on mesura le blé, par Jehan MORCHOASME, Jehan MARTIN, CAILLY et aultres - 4 sous parisis.
Voilà pour cet arrivage.
Un autre convoi, venu aussi de Blois, arrivera à Orléans le 4 mai suivant. Pour celui-ci, on trouve, s'y rapportant, la mention suivante :
"Item, payé à Jehan de la RUE, pour despence faicte en son ostel par les nottoniers (bateliers) qui amenèrent les blés qui furent amenés de Bloiz le 4ème jour de may - 13 livres 13 sous parisis.
(mandement à payer du 14/10/1429)
Ce qui prouverait que cet autre convoi, sous le commandement de Dunois, n'était pas entré dans la ville par voie de terre, à travers les bastides de la rive droite de la Loire, mais au contraire, comme celui du 29 avril, que les blés descendirent encore par le fleuve.
Pour Jehan de la RUE, le chiffre relativement élevé de la dépense (sans doute s'agissait-il d'une auberge), montre que les "nottoniers" qui transportèrent les blés amenés le 4 mai, étaient en grand nombre, et conséquemment que l'arrivage était considérable. Jehan ne fut payé qu'en octobre.
Remarque :
- au 2°, plus haut, on a pu remarquer que Gilet GUERET avait loué aussi son grenier au 4 mai, pour y mettre partie de la cargaison, car il est précisé "aux deux fois."
- au 6°, on voit que Pierre NOVION resta 12 jours à mesurer et distribuer le blé aux habitants et à la garnison, ce qui donne du 30 avril jusqu'au 11 mai. Il était donc encore occupé à cette tâche pour l'arrivage du 4 mai, et même après la délivrance de la ville.
Le 7 mai au soir les Tourelles étaient reprises et, le 8, l'armée anglo-normande partit sans combattre pour se replier sur Meung et Beaugency.
A Orléans, la joie régnait et la liesse était à son comble !
En effet, cela bougeait vite dans la cité : seulement huit jours auparavant, Jehanne la Pucelle était entrée dans la ville, qu'elle avait traversée pour aller loger chez son hôte, Jacques BOUCHER, le trésorier, et la délivrance était effective.
Le 1er mai 1429, premier dimanche de Jehanne sur place, elle avait assisté à la messe à Sainte-Croix.
Le même jour, Jacquet LEPRÊTRE, garde de la prévôté (son frère Jehan est le prévôt) est chargé de présenter à Jehanne, au nom de la ville, 7 pintes de vin à six deniers la pinte (environ 8 litres).
Le mardi 3 mai, dans la journée, avait eu lieu la procession de la Vraie-Croix, qui avait traversé la ville. Le même Jacquet avait été chargé de payer deux sous parisis à ceux qui avaient porté les torches.
Ce même jour, les garnisons de Montargis, Gien, Château-Renard, du pays de Gâtinais, de Châteaudun, avec un grand nombre de gens de pied armés de traits et de guisarmes, étaient rentrés dans Orléans pour contribuer à sa défense.
Raoulet de RECOURT, l'un des procureurs, est chargé de présenter à Jehanne "une belle alouse" (une alose : un poisson). Et au soir, une armée conduite par DUNOIS, qui avait quitté Blois, vient après une marche forcée passer la nuit à quelques lieues d'Orléans.
LE CONVOI ET SA PREPARATION
Le mercredi 27 avril 1429, nous l'avons vu, un convoi de vivres, de munitions et un corps d'armée quittaient Blois pour aller ravitailler et aider les assiégés d'Orléans, avec Jehanne la Pucelle.
Le clergé marchait devant, chantant des hymnes, et les chariots tirés par des boeufs ne devaient pas cheminer bien vite.
66 voitures, 400 têtes de bétail, de l'artillerie, des armes, du blé, de la poudre, du salpêtre, des boulets et plusieurs milliers de traits et de flèches (celles-ci seront remboursées à DUNOIS).
Jehanne dira, à la séance de son Procès du 26 février 1431, que dix à douze mille hommes l'accompagnaient, chiffre fortement exagéré (voir plus loin).
Quelques jours avant le départ du convoi, on fit prévenir les assiégés par un nommé Jehan LANGLOIS, bourgeois d'Angers, de sa prochaine arrivée.
Ce sont les comptes de la ville d'Orléans qui nous apprennent ce détail, et la joie que cette heureuse nouvelle fit éprouver aux habitants et combattants de la ville.
Jehan LANGLOIS fut bien reçu, et la ville remboursa les frais de son séjour :
"A Guillaume BASTIEN, hoste de l'Escu Sainct-Georges, pour despence faicte en son hostel par Jehan LANGLOIS, bourgeois d'Angiers, qui apporta lectres du blé que la roine de Cécille (Yolande d'Aragon, belle-mère de Charles VII et reine de Sicile) avoit donné à la ville d'Orliens - 44 sous parisis.
"A Jehan MORCHOASME, ledit jour, pour despence faicte à donner à disner audit Jehan LANGLOIS, pour tous, présents les procureurs - 9 livres 10 sous parisis.
"A Raoulet de RECOURT (*) pour bailler audit Jehan LANGLOIS pour don que la ville luy fist, du consentement des procureurs, 10 escus d'or qui ont cousté chascun 44 sous parisis, valent : 22 livres parisis.
(*) Raoulet de Recour(t) avec 4 autres notables d'Orléans, était parti à Janville, en Beauce, au nord d'Orléans, en mai 1417, au devant d'Isabeau de Bavière, reine de France, épouse de Charles VI et mère de Charles VII (encore Dauphin) pour savoir quand celle-ci arriverait dans la cité, lors de son exil forcé, et demander que la troupe qui l'accompagnait ne logeât point dans la ville, car on craignait des débordements. Il reçut pour cette mission 12 sols parisis. Il était peut-être marchand de vin car, avec Estienne Germe et Guillaume Ligier, ils se partagèrent 15 livres 4 sols parisis pour 3 tonneaux de vin "qui furent présentés à ladicte royne."
Jehan LANGLOIS a dû repartir content d'avoir accompli sa mission.
Avant la formation de ce convoi, des Orléanais avaient été envoyés à Blois, pour acheter des armes, des munitions et des vivres (le blé fut payé par Yolande d'Aragon) et concourir à la prompte organisation de celui-ci :
"A Geffroy DRION, d'Orliens, pour avoir vacqué par l'espace de vingt jours, en deux voyaiges qu'il a faiz à Bloiz pour recevoir et mectre en sauf le blé que la royne de Cécille avoit faict amener audit lieu de Bloiz pour la ville d'Orliens... et pour l'achat de certaine quantité de toilles à faire sacz à mectre le blé et sallepestre... et desquelles choses ledit Geffroy a baillé ses parties, comme il appert par icelles... : 70 livres 14 sols parisis.
Et aussi :
"A Jehan Le CAMUS, pour bailler à Denis de La SALLE, pour trois procureurs envoiez à Bloiz pour le faict des blés... : 8 sols parisis.
"A Jehan CAILLY, nottaire, pour V seaulx de V procurations envoiées pour la ville de Bloiz, pour le faict du blé et des poudres... : 5 sols parisis.
(mandements et quittances des dépenses de commune en 1429 et 1430)
ACCOMPAGNEMENT DU CONVOI - Comptes de Hémon RAGUIER
Compte n° 13 - Aux capitaines et chiefs de guerre cy après nommés - Ordre du 27ème avril, donné à Chinon...(un mot) et habillemens mener en la ville d'Orliens.
1- A monseigneur Gilles de RAIS, pour luy aidier à supporter les frais et pour assembler les capitaines et gens de guerre, et aussi pour 24 hommes d'armes et 11 archiers de sa compagnie - 895 livres.
2- A Gauthier de BOUSAC, escuier, 40 hommes d'armes et 60 de traict - 680 livres.
A aultre fois audit Gauthier - 212 livres 10 sols.
3- A Archades de La TOUR, 26 hommes d'armes et 26 de traict - 325 livres.
4- A Jehan FOUCAUD, chevalier, 22 hommes d'armes et 20 archiers - 327 livres 10 sols.
5- A messire Ambroise de LORE, chevalier, 32 hommes d'armes et 33 archiers - 463 livres.
6- A Robert Le FEUVRE, archier, pour luy et 38 archiers - 140 livres.
7- A Thudual Le BOURGEOIS, escuier, 15 hommes d'armes et 11 archiers - 164 livres.
8- A Bertrand de La FERRIERE, et au bastard de BEAUMANOIR, escuiers, 22 hommes d'armes et 28 archiers - 323 livres.
Total payé : 3.529 livres et 20 sols (probablement parisis).
Ce qui peut représenter :
. 182 hommes d'armes, avec chacun un page et un coutillier, soit 182 x 3 = 546 hommes,
. 228 archers et hommes de traict (arbalétriers),
soit, en tout : 774 combattants.
Compte n° 14 - Aux capitaines et chiefs de guerre cy après pour conduicte de vin et aultres nécessités pour l'avitaillement et fortification de la ville d'Orliens - Ordre du mois d'avril 1429 après Pasques.
1- A Gaston de LESGO, escuier, 25 hommes d'armes et 15 de traict, à 4 livres pour homme d'armes et 40 sols pour homme de traict - 90 livres,
2- A Arnaud GUILLOT de BOURG, 20 hommes d'armes et 20 hommes de traict, au même prix - 120 livres,
3- A Galardon de GOULARD, escuier, 20 hommes d'armes et 20 de traict - 120 livres,
4- A messire Rigaud de FONTAINES, chevalier, 15 hommes d'armes et 15 de traict - 90 livres,
5- A Alain GIRON, escuier, 30 hommes d'armes et 30 de traict - 180 livres,
6- A messire Louis de GAUCOURT, chevalier, 10 hommes d'armes et 20 de traict - 60 livres,
7- A Bertrand de TOULOUSE, escuier, 20 hommes d'armes et 20 de traict - 120 livres,
8- A Jehan GIRARD, escuier, 20 hommes d'armes et 20 de traict - 120 livres.
Total payé : 900 livres (probablement parisis).
. A chaque d'homme d'armes : un page et un coutillier, soit 160 x 3 = 480 hommes,
. Hommes de traict (arbalétriers et/ou archers) = 160,
Soit en tout : 640 combattants.
Donc :
soit : environ 1.726 hommes.
D'après cette estimation rapide, il semblerait que la petite armée partie de Blois avec Jehanne, pour accompagner le convoi, se composait de moins de 2.000 hommes.
Une grande partie repartira pour Blois, pour regagner plus tard Orléans.
Jehanne entrera dans Orléans avec 200 lances (environ 600 hommes) au soir du 29 avril 1429.
Ravitaillement amené :
Itinéraire présumé de Blois à Orléans :
Vineuil - Montlivault - Saint-Dié-sur-Loire - Muides - Nouan-sur-Loire - Saint-Laurent-des-Eaux (où ils auraient passé la première nuit) - Lailly-en-Val - Cléry (où se fit sans doute la seconde halte) - puis, par les bois de Maisonfort, se dirigèrent vers Saint-Cyr-en-Val (où ils passèrent le dhuy) pour atteindre, près de Melleray, la Loire qu'ils traversèrent à l'Ile-aux-Bourdons, à la hauteur de Chécy.
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Histoire locale - Anecdote
UNE "COMBINE" UTILISEE AU SIEGE D'ORLEANS EN 1429
Un stratagème "malin"
Depuis octobre 1428, la ville d'Orléans était assiégée par les troupes anglo-normandes.
Les assiégeants tenaient les "Tourelles", forteresse située sur le pont, la bastille Saint-Laurent, et d'autres bastilles et forteresses, encerclant pratiquement toute la cité.
A l'intérieur des remparts, les défenseurs, la milice locale et les habitants surveillaient sans cesse les mouvements ennemis.
Une des grandes peurs était que l'on s'introduise dans la ville en creusant des souterrains par-dessous les remparts de fortification.
Les gens du guet organisaient des rondes fréquentes pour surveiller les murs, et tout le monde, en règle générale, avait l'oeil et l'oreille aux aguets pour tenter de déceler une activité de creusement et de sapement de la part des assiégeants.
Ils n'avaient pas tort, et la crainte était justifiée.
En effet, les anglo-normands avaient fait venir sur les lieux du siège deux maîtres mineurs, qui se nommaient Blac EMOND et Richart CHOSELL.
Ceux-ci avaient reçu à Chartres, le 30 novembre 1428, une endenture (un contrat d'engagement) pour eux-mêmes et une équipe de 38 mineurs.
Les deux chefs étaient payés comme homme d'armes et leurs hommes comme archers.
Le 13 janvier 1429, ils font une "montre" (revue militaire) à Orléans pour une partie de cette troupe. Voici le texte de la quittance de solde qu'ils reçurent :
Quittance de solde pour 2 maîtres mineurs (payés comme lances à cheval) et 24 mineurs, au siège depuis le 12 janvier 1429, et 10 autres depuis le 14. Au siège, le 18/01/1429.
"Saichent tuit que je, Blac Hémond, maistre mineur de l'ost du Roy (d'Angleterre), nostre seigneur, au siège devant Orliens, retenu par Mons. le Régent le royaume de France, duc de Bedfort, pour servir audit siège, avec moi, Richart Choisel, mon compaignon, et 38 aultres compaignons mineurs.
"Confesse avoir eu et receu de Pierre Surreau, receveur de Normendie, la somme de 179 livres 11 solz 8 deniers tournoys, pour le paiemens des gaiges et regars de moy et de mon compaignon, comme lances à cheval, et de 24 mineurs à gaiger d'archiers, d'un moys entier, commençans le premier jour de ce présent moys de janvier; et pour le paiement des gaiges de 10 aultres mineurs pour 18 jours restans et finissans le darrenier jour dudit moys de janvier, et dont j'ay faict monstres audit siège le 13ème jour dudit moys de janvier par devant Richart Waller et Guillaume Glasdal, à ce commis. De laquelle somme...
"En tesmoing de ce, j'ay scellé ceste quictance de mon seel, audit siège, le 18ème jour de janvier, l'an mil cccc vingt neuf..."
Il semble qu'ils restèrent au siège encore un troisième mois, et qu'ils partirent ensuite.
En attendant, tant qu'ils furent là, les assiégés craignaient chaque jour une intrusion dans leur cité par des souterrains creusés par ces mineurs.
Le lundi 21 février 1429, à titre sûrement justifié, Jehan de DUNOIS, le Bastard d'Orléans, et ses principaux officiers, craignant que les anglo-normands, qui paraissaient paisibles ce jour-là, cherchassent à s'approcher des murailles pour tenter de les renverser par la mine, en les sapant par-dessous, fit pour la première fois l'usage du moyen qu'un nommé Robert Carré lui avait proposé pour s'en assurer.
Ce moyen consistait à placer en avant des murailles et des fossés, sur le terre-plein, plusieurs grands bassins en cuivre. Ces bassins étaient enfoncés à plusieurs pieds sous terre, à fleur du terrain et de distance en distance, et ensuite remplis d'eau jusqu'au bord.
On examinait si le liquide frémissait car, s'il en était ainsi, c'était une preuve qu'on travaillait sous terre; on avait rien à craindre si la surface de l'eau était calme.
Il fut payé 58 sous 8 deniers parisis à Naudin Bouchard, saintier (fondeur), pour la confection d'un certain nombre de "bassin à laver" et d'une "acarre" (équerre) pour s'assurer si les ennemis minaient, et si les murs ne perdaient pas leur aplomb.
(comptes de la ville d'Orléans)
Par ce stratagème "malin", cette sorte de "système D", on était ainsi certains que les ennemis ne se livraient pas à une activité de sape des remparts !
Il semble que ce moyen fut efficace; en tous cas, il n'est fait mention, dans les récits et chroniques diverses concernant le siège d'Orléans, d'aucune tentative de ce genre de la part des assiégeants.
Comme quoi, avec un peu de "jugeotte", on peut résoudre bien des problèmes !
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Détail d'une vue panoramique d'Orléans depuis la rive sud (1690)
Peinture de Martin des Batailles (extrait du "Grand livre du Pont Royal", édition de la Société des Amis des Musées d'Orléans)
http://morgann.moussier.free.fr/orleans/Voirie/tourelles.htm
Une journée au siège d'Orléans
Vendredi 25 mars 1429
Sommaire :
- Jour de paie aux Tourelles pour les Anglais.
- Distribution de vivres aux Français.
- Trois capitaines Anglais : Henry de LISLE, Thomas de SCALES, Rouland STANDISCH.
- Exemples d'endenture, de quittance et de montre.
- D'autres paiements de soldes de troupes anglo-normandes, ce même jour, à Orléans.
- Index des noms cités.
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Le siège durait depuis plus de cinq mois, parsemés d'évènements heureux et malheureux.
La ville se réveillait, et les habitants vaquaient à leurs occupations. Des Tourelles de la bastide du pont, les sentinelles remarquaient une effervescence dans la cité. Près du Châtelet, convergeaient des chariots chargés de tonneaux et de sacs de blé, que l'on alignait soigneusement dans un endroit découvert.
Dans quelques heures, ces marchandises allaient être distribuées aux soldats français stationnés dans la ville.
A la bastide, c'était jour de paie pour les Anglais, du moins pour une bonne partie de la garnison qui occupait cette forteresse.
On allait distribuer la solde des hommes de trois troupes, représentant environ 300 hommes.
Le trésorier et son escorte étaient arrivés la veille, et les trois capitaines concernés avaient perçu chacun la somme le concernant. Il s'agissait, pour le tout, d'une somme importante : 2.656 livres et 10 sols, représentant la solde pour un mois.
Seul le capitaine (ou son représentant) était payé par le trésorier, selon son "endenture" (contrat d'engagement), et ce sont des clercs qui ensuite faisaient donner à chacun la part qui lui revenait, selon son état, homme d'armes ou archer.
Le chevalier banneret Thomas de SCALES, le chevalier bachelier Rouland STANDISCH, et l'écuyer Henry de LISLE, avaient confié "à leurs procureurs souffisamment fondés" le soin de procéder à cette opération. Ceux-ci avaient installé des tables de fortune dans la cour de la forteresse, et les hommes se présentaient tour à tour pour percevoir ce qui leur était dû pour leur service du mois, et chacun s'en réjouissait à l'avance.
Dans l'armée anglaise les paies étaient les suivantes à ce moment :
- chevalier banneret : 44 livres 15 sols 10 deniers le mois,
- chevalier et chevalier bachelier : 24 livres 15 sols 10 deniers le mois,
- écuyer et homme d'armes : 14 livres 15 sols 10 deniers le mois,
- archer (et arbalétrier) : 5 livres le mois.
Côté français, les soldats avaient aussi raison de se réjouir. On allait leur distribuer du blé, avec lequel ils pourraient faire fabriquer du bon pain, et du vin pour faire un peu la fête. Pour accompagner cela, on allait se débrouiller pour se procurer un peu de viande à rôtir, ou du poisson que l'on pêchait en abondance dans la Loire, au pied des remparts.
Mais, si pour ceux de la bastide, toucher la solde procédait d'un déroulement naturel de leur vie de soldat, les défenseurs d'Orléans avaient une autre raison.
Quelques jours auparavant, le jeudi 17 mars 1429, Alain DUBAY (du BEC ou du BEY, qui figure sur un état nominatif des gens qui se sont distingués au siège) était mort. Prévôt d'Orléans, chéri par ses vertus et l'intégrité de ses jugements. On pensa que les malheurs de sa patrie avaient avancé ses jours. Ce citoyen estimable fut regretté de tous les orléanais, qui lui firent un service public aux frais de la ville.
Il fallut le remplacer, et c'est Jehan LEPRESTRE qui fut nommé prévôt.
Huit jours plus tard, le nouveau prévôt organise une grande distribution de vin et de blé, faite à la garnison d'Orléans, du consentement des bourgeois, manants et habitants de la cité. Jehan LE CAILLY (ou CAILLY), notaire au Châtelet d'Orléans, consigna soigneusement cette distribution sur ses registres. A savoir :
- Aux Ecossais étant en cette ville : 3 tonneaux 1/2 de vin, 3 muids 1/2 de blé, pour 560 hommes,
- A monseigneur de GRAVILLE (1) : 1 tonneau 1/2, 1 muid 1/2, pour 240 hommes,
- A MADRE (2) : 1 traversin, 1/2 muid, pour 160 hommes,
- A Denis de CHAILLY : 1 tonneau 1/2, 1 muid 1/2, pour 180 hommes,
- A Thibault de TERMES : 1 traversin, 5 mines, pour 80 hommes,
- A monseigneur de GUTRY (GUITRY) : 1 traversin, 8 mines, pour 80 hommes,
- A monseigneur de COARAZE : 1 traversin, 5 mines, pour 80 hommes,
- A messire THIAUDE (3) : 1 tonneau 1/2, 1 muid 1/2, pour 260 hommes,
- A messire CERNAY : 1 traversin, 6 mines, pour 240 hommes,
- A Poton de SAINTRAILLES : 1 tonneau, 10 mines, pour 160 hommes,
- Aux soldats de SAINTE-SEVERE (4) : 2 tonneaux, 2 muids, pour 320 hommes,
- A monseigneur de VILLARS : 1 tonneau 1/2, 1 muid 1/2, pour 240 hommes.
(1) Le sire de GRAVILLE était le maître des arbalétriers.
(2) Guillaume MADRE.
(3) Théolde de VALPERGUE.
(4) Le maréchal de SAINTE-SEVERE.
Pour ces 2.600 hommes, cela représente :
. vin : environ 7.020 litres, soit 2,7 litres par homme en moyenne,
. blé : environ 4.450 kilos, soit 1,71 kilo par homme en moyenne.
Ce sont les défenseurs d'Orléans à cette date. Leur nombre était renforcé par la milice locale difficile à évaluer.
A remarquer que les Ecossais représentent une part importante de la garnison, et la grande majorité des archers.
A la bastide, côté anglais, les hommes étaient contents, surtout les archers. Depuis le mois de février précédent, leur solde avait été augmentée, à leur demande, pour passer de 100 sols tournois (5 livres) à 6 livres par mois, car leur paie ne suffisait pas pour subvenir à leurs besoins, vu que tout était très cher à Orléans et dans les environs.C
Cette nouvelle solde n'était accordée qu'aux archers stationnés au siège, et un nouveau paragraphe fut ajouté sur les endentures des capitaines qui y étaient affectés :
"Payé au pris de 6 livres pour archier par moys qui, par l'ordonnance de mondit seigneur le Régent (BEDFORD) et du Conseil, pour aidier à supporter les despenses et vivres qui sont chiers audit siège, aux soldoyers estans et résidans en ycelui siège, lesquels n'y povoient bonnement vivre pour leurs gaiges ordinaires, qui sont de 100 solz tournois par moys..."
Voici le détail de la solde versée ce jour-là à ces trois capitaines :
- Henry de LISLE : pour 39 hommes d'armes et 126 archers (soit 165 hommes) = 1.347 livres 13 sols et 4 deniers,
- Thomas de SCALES : pour 19 hommes d'armes et 60 archers (soit 79 hommes) = 685 livres 16 sols 8 deniers,
- Rouland STANDISCH : pour 23 hommes d'armes et 43 archers (soit 66 hommes) = 623 livres.
Total, pour ces 81 hommes d'armes et 229 archers (310 hommes) = 2.655 livres 29 sols et 12 deniers.
NB : 12 deniers valant 1 sol, et 20 sols valant 1 livre, cela fait : 2.656 livres et 10 sols tournois.
Les hommes d'armes étaient plus payés que les archers, mais ils avaient à entretenir un équipement plus important, et rétribuer aussi au moins un page et un coutillier qui les accompagnaient, pour aider à les équiper, et pour les protéger lors des batailles.
Notices succinctes sur ces trois capitaines Anglais payés ce jour :
Henry de LISLE, écuyer.
Avant de parler d'Henry, disons quelques mots sur son frère, Lancelot, dont il avait repris la troupe.
Lancelot, chevalier bachelier, avait été favorisé par le roi d'Angleterre Henry V, qui avait dépossédé les seigneurs Normands qui ne suivaient pas le parti Anglais, et donné leurs biens à des seigneurs de son choix, souvent pour des redevances ridicules.
Lancelot avait reçu le château de Nonant, élection de Bayeux, en Normandie, pour une redevance vraiment risible : "à la charge de payer la redevance d'un glaive, à Caen, le jour de Noël". De quoi attiser la rage combattive des anciens propriétaires !
Lancelot avait un passé de combattant, et avait commandé des troupes à la bataille de Cravant (31/07/1423) et à celle de Verneuil (17/08/1424), et participé en septembre 1427 au siège de Montargis.
Le 26 juin 1428 il est nommé capitaine de Montigny et Nogent-le-Roy, en Bassigny.
En juillet 1428, il est à Paris, puis est retenu dans l'armée que SALISBURY amène d'Angleterre, et participe à la prise de Janville, en Beauce, fin août 1428, qui sera longtemps l'une des bases importantes du dispositif anglais pour la conquête des villes de la Loire et le siège devant Orléans.
Le 12 octobre 1428, il arrive devant Orléans avec Salisbury, par le faubourg du Portereau, avec l'armée qui allait s'installer pour la siège jusqu'au 7 mai 1429.
Le 29 janvier 1429, un boulet lancé par ceux d'Orléans lui enlève la tête, au moment où il revenait d'une conférence avec le capitaine français Etienne de VIGNOLLES, le fameux La HIRE.
A ce moment, sa troupe est partagée en deux parties quasi égales : 22 hommes d'armes et 64 archers à la bastide du pont, sous les ordres de Henry, son frère, et 18 hommes d'armes et 56 archers qui évoluent entre Orléans et Meung-sur-Loire, et dans les autres bastides et forteresses du siège.
Henry, écuyer, après la mort de son frère, eut le commandement de toute la troupe, ce qui fut confirmé par une endenture du 13 mars suivant :
"Lesquelz hommes d'armes et archiers furent et estoient de la charge et retenue de feu Messire Lancelot de LISLE, son frère dessusdit, au jour de son trespas, pour estre audit siège."
La troupe resta identique. La montre (revue militaire pour compter les hommes présents et vérifier les équipements) correspondant avec la paie du 25 mars 1429, avait été passée devant Thomes GUERART, écuyer, "mareschal dudis siège", et maître Raoul PARKER, "secrétaire du Roy et prévost des mareschaulx", commissaires, pour :
- lui, 19 hommes d'armes et 62 archers, "à la bastide du bout du pont" (les Tourelles),
- 20 hommes d'armes et 64 archers, pour le siège et dans d'autres bastides d'Orléans et de la proche région.
Il semble que Henry de LISLE ait eu, pour le seconder, un nommé William BROCAS.
Henry avait dû suivre son frère sur les champs de bataille, mais sa carrière militaire ne dura plus longtemps.
Du 1er au 10 février 1430, il est capitaine de Longny-au-Perche (Orne), mais il semble ne s'y être même pas rendu, car le 15 mai 1430 il était en garnison à Chartres.
Le 28 avril 1431 il reçoit encore des gages, mais en septembre de la même année il n'a plus aucune charge de gens de guerre.
Thomas de SCALES, chevalier banneret.
Il était chevalier banneret (l'un des rares au siège), le plus haut "grade" de chevalier, et capitaine de Pontorson et de Domfront, en Normandie.
Thomas de SCALES (d'ESCALLES, LESCALES), seigneur de Nucelle, avait des armoiries "de gueules à six coquilles ou écailles" - en anglais : scale - "de Saint-Jacques en argent."
Il était, en particulier, aux batailles de Cravant et de Verneuil. En 1424 il était capitaine de Verneuil, aux gages de 1.500 livres tournois; la même année il assiégea et prit Gaillon; il commandant alors 200 hommes d'armes et 600 archers (forte troupe !)
Au siège du Mont-Saint-Michel (que les Anglais ne réussirent jamais à prendre !) il avait une retenue considérable. En 1429, il est capitaine de Domfront (en outre de Pontorson), avec 60 combattants. Il l'est encore en 1433.
Trois ans après, il commande à Vire. Il est Vidame de Chartres ou, du moins, en porte le titre, et sénéchal de Normandie en 1443.
Sa retenue pour la garde de Pontorson était de 80 hommes d'armes et 240 archers. De là, il tire la majorité des hommes qu'il commandera au siège d'Orléans.
La garnison de la forteresse de Pontorson était importante : 320 hommes au total. Il faut dire qu'elle se trouve aux limites de la Normandie anglaise, "en frontière" de la Bretagne.
Le 12 octobre 1428, il arrive lui aussi sous Orléans avec SALISBURY. Il y revient le 1er décembre avec Jehan de TALBOT, après avoir été nommé lieutenant du Roy, et enfin, le 30 décembre pour installer ses troupes, une partie aux Tourelles, et le reste à la bastide de Saint-Laurent, à l'ouest d'Orléans.
Après la levée du siège il se rend à Beaugency. Il est fait prisonnier le 18 juin 1429 à la bataille de Patay. On le retrouve à Rouen en septembre 1429.
Sa carrière militaire dura encore 30 ans. Il eut encore des capitaineries et des commandements. En 1460, il périt de mort violente, à la suite de la reddition qu'il fit de la Tour de Londres aux révoltés contre le roi Henry VI.
Son endenture "pour servir au siège d'Orliens" était prévue pour 50 hommes d'armes et 150 archers. Il n'aligne pas sa retenue entière sous les murs d'Orléans :
- du 27/12/1428 au 26/01/1429 : lui + 41 hommes d'armes + 99 archers, soit 141 combattants,
- du 27/01 à fin janvier 1429 : lui + 35 hommes d'armes + 83 archers, soit 119 combattants,
- février 1429 : lui + 35 hommes d'armes + 83 archers, soit 119 combattants (ici on précise : "dont 20 lances, luy compris, et 60 archiers de se retenue de Pontorson"),
- mars et avril 1429 : lui + 19 hommes d'armes + 60 archers, soit 80 combattants (ce sont là les hommes de Pontorson).
La paie du 25 mars, au siège, concernait les hommes venus de cette garnison de Pontorson.
De la garnison de Domfront, dont Thomas de SCALES était aussi le capitaine, quelques hommes furent requis. Ils ne participèrent pas directement au siège, mais furent utilisés pour une mission d'escorte des convois de vivres, munitions, finance et divers, sous le commandement d'un lieutenant :
"Gaiges et regars de Thomas STRIEBY, homme d'armes, et 3 archiers à cheval, dudict lieu de Dompfront, pour service au conduict des vivres, de 15 jours, à compter du 9 avril 1429."
Pour cette petite troupe : montre à Paris, le 09/04/1429, devant Symon MORHIER, prévôt, et Morelet de BETHENCOURT, chevalier du guet de la ville de Paris, commissaires.
Quittance de solde "dudit Strieby" à Paris, le 11/04/1429, pour 14 livres 17 sols 11 deniers tournois.
Ces hommes n'ont dû que très brièvement séjourner à Orléans, et repartir en Normandie rapidement, à moins que certains aient été réquisitionnés pour rester sur place.
Rouland STANDISCH, chevalier bachelier.
Chevalier bachelier, il reçoit le 25 novembre 1428, à Chartres, une endenture de 4 mois, "pour servir au siège d'Orliens."
Il est retenu comme capitaine de 30 hommes d'armes à cheval, lui compris, et 90 archers, "tous natifs d'Angleterre", venus avec Salisbury.
Il n'avait donc pas de fonctions ni de charges en Normandie à cette époque, et ses hommes étaient Anglais.
Lui non plus n'aligne pas toute sa retenue sous les murs d'Orléans.
Le premier mois, sa troupe est amalgamée avec celle de Edouart WYVRE, un autre chevalier bachelier, qui avait reçu une endenture égale à la sienne, ce qui porte à un total de 240 hommes, eux compris.
- le 03/02/1429, montre de lui + 28 hommes d'armes + 64 archers, soit 93 hommes,
- en mars, montre de lui + 23 hommes d'armes + 43 archers, soit 67 hommes.
C'est la solde pour cette dernière montre que l'on distribue le 25 mars à la bastide.
En raison du paiement qu'ils avaient reçu par avance, au titre de leur ancien corps (celui de Salisbury), ils devaient ne recevoir que la solde mensuelle ordinaire pour quatre périodes de 35 jours, tandis que les autres sont payés au taux habituel.
Rouland STANDISCH resta en Normandie, du moins durant 5 ou 6 ans.
Le 26 octobre 1429, il est capitaine de Charlemesnil, et en avril et mai 1430 il est au siège de l'imposante forteresse du Château-Gaillard.
En 1434, il sera bailli et capitaine d'Evreux.
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Quelques transcriptions d'exemple de documents
Endenture du 13 mars 1429 pour Henry de LISLE :
Stipulations particulières de l'endenture faite par Henry de LISLE, succédant à son frère Lancelot, pour 43 hommes d'armes et 129 archers, pour servir au siège d'Orléans.
Le terme de l'endenture de Lancelot n'étant pas arrivé, puisqu'elle était pour la durée du siège, c'est la mort du chef qui en nécessite le renouvellement :
"Ceste endenture faicte entre le Régent et Henry de LISLE, escuier... à la charge de quarante-trois hommes d'armes, sa personne en ce comprinse, et de six-vingt et neuf archiers..."
"Lesquelz hommes d'armes et archiers furent et estoient de la charge et retenue de feu mons. Lancelot de LISLE, en son vivant chevalier, frère dudit escuier, au jour de son trespassement, pour estre au siège d'Orliens.
"Parmy ce que, pour lesdiz hommes d'armes et archiers, ledit escuier aura et prandra gaiges, c'est assavoir :
- pour hommes d'armes, 12 deniers esterlins le jour, monnoye d'Angleterre, avecques les regars accoustumez, en prenant le noble d'Angleterre pour 6 solz et 8 deniers esterlins de la dicte monnoye, ou autre monnoye de France à la valeur,
- et pour chascun archier, 6 francs par chascun moys,
"dont paiemens sera faict audit escuier, de moys en moys, au commencement d'un chascun moys, selon les monstres ou reveues que ledit escuier a faicte et fera desdiz hommes d'armes et archiers, des finances du païs de France ou du duchié de Normendie, par l'ordonnance et commandement des trésoriers et généraulx gouverneurs desdictes finances, et par la main du trésorier des guerres dudit païs de France ou du receveur général dudit duchié de Normendie.
"Iceulx gaiges et regars commençans incontinent que le terme pour lequel ledit feu mess. Lancelot de LISLE a esté derrenièrement paié pour luy et les hommes d'armes et archiers de sa retenue, fut finy et acomply; et de là en avant de moys en moys, durant ledit siège.
"Donné à Paris, le 13ème jour de mars, l'an de grâce 1428 (1429, en fait, l'année débutant alors à Pâques).
Signé : Bradshawe."
nb : l'endenture est rédigée en monnaie esterlin, mais les hommes sont payés en monnaie tournois.
Pour le temps, l'année débutant à Pâques, on est encore en 1428. Pour notre calendrier actuel, c'est en fait le 13 mars 1429.
Exemple de quittance:
Quittance concernant William GLASDALL, autre capitaine qui séjourna aux Tourelles d'Orléans (que Jehanne la Pucelle nommait "Glacidas")
Quittance pour 30 hommes d'armes (y compris Glasdall) et 80 archers à cheval (du nombre des 400 lances nouvellement retenues) - 2 décembre 1428 :
"Saichent tuit que je, Guillaume GLASDAL, escuier, bailly d'Alençon et cappitaine de 30 lances et les archiers (correspondants), du nombre des 400 lances de nouvel retenus par Mons. le Régent de France, duc de Bedfort, pour estre avec luy et servir le Roy nostres. (seigneur), au siège devant Orliens et ailleurs où il luy plaira.
"Confessons avoir eu et receu de Pierre SURREAU, receveur général de Normendie, la somme de huit cens quarante-trois livres quinze solz tournois en prest et payement des gaiges et regars de moy, 29 aultres hommes d'armes et 80 archiers à cheval, de madicte retenue, pour leur service d'ung moys à la bastide et tour du bout du pont d'Orliens, pour ung moys, commençans le 19è jour de novembre derrenier passé, et dont j'ay faict monstres aujourduy, à la dicte bastide, pardevant Thomas DIRTHILE et Richart FORTESCU, escuiers, à ce commis par mess. de SUFFORK (Suffolk), de TALBOT et d'ESCALLES (de SCALES).
"Et paiemens à moy faict, par vertu des lectres du Roy nostre seigneur, données à Chartres, le... (?) jour dudit moys de novembre.
"De laquelle somme de 843 livres 15 solz tournois dessus dicte, je me tiens pour contens et bien paié, et en quicte le Roy nostre seigneur, ledit receveur général et tous aultres.
"En tesmoing de ce j'ay scellé ceste présente quictance de mon scel, à la dicte bastide, le second jour de décembre 1428."
Exemple de montre:
Voici un exemple de montre, en l'occurence du 4 avril 1429, à Vernon, pour un détachement conduit par l'écuyer Jehan de CARREL, chef de montre des nobles des Vicomtés d'Argentan et de Domfront, requis pour 15 jours, afin de participer aux escortes des convois de vivres, munitions et autres, à destination du siège d'Orléans.
"C'est la monstre des nobles de la viconté de Argenten et Donfront qui passez ont esté à Vernon sur Saine, le 4ème jour d'avril 1429 après Pasques, par devant nous Jehan POPHAM et Guy Le BOUTEILLIER, chevaliers, conseilliers du Roy nostres., et commissaires ordonnez de par ledit seigneur à prandre et recevoir toutes les monstres des nobles du duchié de Normendie et païs de conqueste, mandez audit lieu de Vernon venir faire leurs monstres et prandre les gaiges d'icelui seigneur pour le conduict(des vivres) de l'armée du siège estans à présent devant Orliens.
"Lesquelz nobles nous avons recheus et passez aux monstres, par diverses manières selon leur abillemens; c'est assavoir : les uns pour prandre gaiges de lance à cheval, les aultres pour prandre demi-gaiges, et les aultres pour prandre gaiges d'archier, par la fourme et manière qui s'ensuit.
"Hommes passez à gaiges de lances à cheval :
Thomas OUARDE, escuier,
Jehan HEUDE, escuier,
Richart DECERCEAU, escuier,
Jehan DECARREL, escuier, chief de monstre,
Jehan GREVE, escuier.
"Archiers passez à gaiges :
Jehan BRIDON,
Thomas CHATTOLK,
Jehan ALLY,
Jehan LUCAS,
Nicolas CHEROUDE,
Thomas CENEST,
Jehan SAULEY,
Thomas KRAY,
Richart QUELLE,
Robin MOULLEREY.
Lesquelles lances, montans cinq, et dix archiers, sont montez et armez souffisamment.
Tesmoing nos saings cy mis, l'an et jour dessusdits."
Signé : Popham, G. Le Bouteillier.
Deux jours plus tard, toujours à Vernon, l'écuyer signera une quittance de solde pour 61 livres 19 sols et 6 deniers tournois.
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Ce même vendredi 25 mars 1429, à d'autres endroits du siège, à Orléans, d'autres quittances de soldes sont établies :
1- Pour Arnoul MESSEIDEN, homme d'armes, pour le 5ème mois, de 2 hommes d'armes et 2 archers à cheval, à compter du 15/03/1429, à 6 livres tournois par archer, montrés le 18 mars.
Hommes de la garnison de Mantes, dont est capitaine, dont est capitaine Guillaume BOUTTON, chevalier bachelier.
Quittance pour 26 livres 15 sols 10 deniers tournois.
NB : la solde versée correspond en fait à 1 homme d'armes (et non deux, ou deux à demi-gages) et 2 archers.
2- Pour Thomas WELWYK, homme d'armes, pour le 5ème mois de lui et "desdits archiers de ladicte garnison du Pont-de-Larche, servans audit siège", à compter du 15/03/1429 (Welwyk et deux archers), à 6 livres tournois par archer, montrés le 18 mars. Hommes de Jehan BEAUCHAMP, chevalier, capitaine de Pont-de-l'Arche.
Quittance pour 26 livres 15 sols 10 deniers tournois.
3- Pour Jehan DOMMELTON, écuyer, et 3 archers de la garnison de "Gaillart "(Château-Gaillard, capitaine Guillaume BYSCHOPSTON, chevalier), pour le 5ème mois au siège, à compter du 15/03/1429, à 6 livres tournois par archer, montrés le 18 mars.
Quittance pour 32 livres 15 sols 6 deniers tournois.
4- Pour Thomas DOBBE (DOWE), écuyer, et 3 archers, pour service au siège du mois de mars, à 6 livres tournois par archer, montrés le 21 mars.
Quittance pour 32 livres 15 sols 10 deniers tournois.
5- Pour un homme d'armes et 14 archers, pour service au siège du 3ème et dernier mois de cette endenture, du 03/03 au 02/04/1429, à 6 livres tournois par archer, montrés le 13 mars. Hommes de Guy BOUTEILLIER, chevalier, maître d'hôtel du Régent, seigneur de La Roche-Guyon.
Quittance pour 98 livres 15 sols 10 deniers tournois.
nb : ces 15 hommes sont provisoirement sous les ordres de Thomas GUERART.
6- Pour Richart STROTHER, chevalier bachelier, pour une partie de sa troupe montrée le 8 février, pour un mois, du 03/03 au 02/04/1429, à 6 livres tournois par archer.
Quittance pour 83 livres 19 sols 2 deniers tournois.
7- Pour Richart STROTHER, chevalier bachelier, pour une autre partie de sa troupe montrée le 8 février, pour service de 24 jours, du 07/03 au 31/03/1429 inclus, à 6 livres tournois par archer.
Quittance pour 163 livres 12 sols 8 deniers tournois.
8- Pour Jehannequin OREIL, écuyer, pour lui, 37 hommes d'armes et 101 archers à cheval, pour un mois au siège, du 07/03 au 06/04/1429, à 6 livres tournois par archer, montrés le 8 mars.
Quittance pour 1.168 livres 1 sol 8 deniers tournois.
9- Pour George SNYLINKTON, écuyer, lieutenant de Jehan SALVAIN, chevalier, bailli de Rouen, "pour gaiges et regars de l'escuier et des gens de toute sadicte retenue" (G. Snylinkton, 19 hommes d'armes et 60 archers), pour 3 jours "restans jusqu'à fin janvier" (du 28/01 à fin janvier 1429), montrés au siège le 28 ou le 29 janvier 1429. "Et pour le moys de février ensuivant, a esté paié par ledit trésorier des guerres en France, selon ses monstres sur ce faictes."
Quittance pour 59 livres 11 sols 8 deniers tournois.
10- Pour Jehan MAYNWARIN, chevalier bachelier, pour lui, 12 hommes d'armes et 31 archers à cheval, pour le 3ème et dernier mois de l'endenture, du 07/03 au 06/04/1429, à 6 livres tournois par archer, montrés le 10 mars.
Quittance pour 388 livres 6 sols 10 deniers tournois.
11- Pour Edouart WYVRE, chevalier bachelier, pour lui, 24 hommes d'armes à cheval et 58 archers, pour service au siège du mois de mars 1429, à 6 livres tournois par archer, montrés le 8 mars.
Quittance pour 727 livres 5 sols (ce devrait être plutôt 15) et 10 deniers tournois.
12- Pour 3 hommes d'armes et 2 archers, de la garnison de Falaise (capitaine Jehan de TALBOT, chevalier banneret), "estans audit siège", pour le 4ème mois, du 23/02 au 22/03/1429, à 6 livres tournois par archer, montrés le 18 mars.
Quittance pour 56 livres 7 sols 6 deniers tournois.
Journée donc bien remplie pour ce jour, à Orléans, aussi bien du côté des assiégeants que de celui des défenseurs de la cité.
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Index des noms cités
A = combattant dans l'armée anglo-normande
F = combattant dans l'armée française
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