
Nom du blog :
jehannedarc
Description du blog :
Autour de Jehanne la Pucelle, dite "Jeanne d'Arc".
Articles et travaux divers.
Catégorie :
Blog Société
Date de création :
23.01.2010
Dernière mise à jour :
17.11.2025
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Derniers commentairesprobablement quelqu'un de sa suite...
http://jehanne darc.centerblo g.net
Par jehannedarc, le 19.02.2018
pour laurie thinot. pardon pour le retard... à vous répondre. je n'ai pas connaissance à l'heure actuelle de c
Par jehannedarc, le 07.03.2017
très intéressant! nous y faisons même quelques découvertes!
merci de nous contacter sur le site des "secrets
Par webmestre, le 07.02.2016
bonsoir,
votre liste est impressionnant e ! je vous félicite !
auriez-vous connaissance d'un guillaume de
Par Thinot Laurie, le 23.06.2015
sait-on qui est thomas mitard à qui s'adresse la reine isabeau ?
Par Anonyme, le 04.11.2014
Dans le cadre du siège d'Orléans (1428-1429)
ORLEANS ET LES ORLEANAIS AU TEMPS DE JEHANNE LA PUCELLE
Les habitants de la ville au travers du temps
Introduction
Le bourg d'Avenum, délimité en gros de la rue du Cheval-Rouge à la rue des Charretiers, des rives de la Loire à la Grande Poste, est aujourd'hui rattaché à Orléans.
Entre Notre-Dame-de-Recouvrance et la rue du Cheval-Rouge est le quartier Saint-Paul, dominé par sa tour médiévale, dont le joyau se révèle être la chapelle de Notre-Dame-des-Miracles, seul vestige ou presque de l'église Saint-Paul, détruite par les bombardements de la guerre 39-45, où se perpétue l'adoration de la Vierge-Noire que Jehanne la Pucelle vint prier et vénérer en 1429. A deux pas des remparts et de la porte Renart d'où Jehanne invectiva les Anglais, et près de laquelle elle logea chez Jacques BOUCHER, trésorier du duc d'Orléans.
C'est là que je suis né, face à cette chapelle chargée d'histoire, au n°14 de la rue Saint-Paul. L'immeuble qui fut érigé dans les années 1950, à ce numéro, n'a plus rien à voir avec ma maison natale, légèrement décalée par rapport à l'actuel n°14.
Une grande partie du quartier fut ravagée par les bombes, et notre maison fut miraculeusement préservée. Faut-il voir là un signe de la Bonne-Dame d'en face ?
Mais elle avait été fortement ébranlée, et tout un pan de mur s'écroula en 1951, en pleine nuit, obligeant ma famille à déménager dans un autre quartier d'Orléans. Je n'ai jamais véritablement quitté cette partie de la cité, et mes pas m'y ramènent souvent.
Comme beaucoup d'Orléanais d'origine, j'ai grandi dans le souvenir de Jehanne, de la prise du fort des Tourelles, et de la délivrance du joug des Anglais qui assiégèrent la ville d'octobre 1428 à mai 1429.
Tous les ans, au 8 mai, la "Fête de Jeanne d'Arc" vient raviver le souvenir de cet évènement, et la Pucelle est toujours présente, incarnée par une jeune fille désignée chaque année pour la personnifier. Elle défile dans les rues, en armure, montée sur un cheval, et accompagnée de ses pages, de ses soldats et de toute la ville en liesse. C'était merveille, à mes yeux d'enfant, que toute cette fabuleuse mise en scène, et j'y participais plus tard, costumé en louveteau, en scout, en enfant de choeur... ou en simple spectateur.
Tout s'est passé à quelques dizaines de mètres de ce quartier : la prise du couvent des Augustins, les injonctions de Jehanne aux Anglais, la mort de leur chef Salisbury, le ravitaillement par le fleuve, les combats, la blessure de Jehanne par une flèche, la prise d'assaut de la forteresse des Tourelles, sur le pont, la délivrance, le départ des assiégeants, et la première fête commémorative initiée par l'évêque de l'époque.
J'avais bien du mal à dissocier légende et réalité et ne m'en souciais guère, bercé par le mythe de l'histoire de cette jeune fille qui fit basculer le destin, et réveilla les esprits et les volontés pour éradiquer l'oppression, reprendre goût à la liberté, vivre enfin dans un royaume reconquis où la légitimité de Charles VII n'était entachée d'aucun doute.
Une héroïne, vous dis-je !
On a tant écrit sur elle ! Tous les livres racontent un peu la même version de sa vie, la version "officielle", à part quelques irréductibles qui, de temps en temps, font des révélations, éclairent d'un jour différent son histoire, et - pourquoi pas ? - nous font part d'un nouveau morceau de vérité.
Mais moi, si Jehanne me touchait, bien sûr, par son incroyable épopée, ce sont aussi les personnages, les protagonistes auxquels je pensais : les chevaliers, les soldats, les capitaines et seigneurs, et, bien plus encore, les habitants de la cité.
Qui étaient-ils ? Qu'ont-ils fait durant le siège ? Comment vivait-on ?
Encore petit garçon, je m'amusais avec d'autres garnements du quartier à recréer certaines scènes que nous imaginions tirées des combats, surtout de l'assaut des Tourelles. Divisés en deux groupes, écuyers ou chevaliers, nous en décousions ferme contre "nos" Anglais et, comme nous avions des bâtons pour épées, il y avait parfois des "blessures de guerre" et des pantalons déchirés; nous en étions fiers sur le coup, mais en souffrions lorsqu'on rentrait à la maison, sans compter les "engueulades" des parents.
Mon engouement pour Jehanne et les évènements de 1429 à Orléans est toujours aussi vif, mais aujourd'hui j'en connais un peu plus.
Ce travail, bien modeste, a la prétention de vous faire partager un peu ce que j'ai appris. Ayant accompli quelques recherches, surtout pour moi-même et mes proches, j'ai eu envie de collationner tout cela, un peu au jour le jour, et développant certains thèmes.
Je dois avoir assurément quelques ancêtres qui ont participé à cette histoire... vous-mêmes également peut-être ! Sans les connaître, c'est une manière de leur rendre hommage, au travers du temps.
Une dernière chose : il ne s'agit pas d'une recherche d'historien, mais d'un travail réalisé pour le plaisir d'un amateur, un peu éclairé, qui a voulu se faire plaisir et en faire profiter ceux qui le souhaiteront.
Voilà ! découvrons maintenant quelques uns de ces gens du 15ème siècle, et ce qui se passait autour d'eux.
Le webmaster.
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ETAT NOMINATIF ET ALPHABETIQUE
des principaux habitants, défenseurs de la ville qui se distinguèrent durant le siège de cette ville par leur courage, leurs sacrifices ou leur patriotisme, recueilli aux archives de la ville et à la bibliothèque publique, sur les manuscrits.
On retrouvera certains d'entre-eux au fil des pages qui suivent.
Soit : 206 personnes.
Voici déjà un premier "jet" d'Orléanais, 206 personnes dont certains sont sans doute nos ancêtres, en tous cas nos prédécesseurs. Il y a au moins cinq patronymes que je retrouve dans mes arbres généalogiques.
Certains patronymes se retrouvent encore sur les annuaires de la région, d'autres soulèvent des commentaires :
. Guillaume ACARIE, qui avait été procureur de la ville en 1425.
. Guillaume BAGUENAULT, sans doute fils ou frère du J. BAGUENAULT, collecteur en 1390, famille qui donnera deux maires d'Orléans aux 17ème et 18ème siècle. Des descendants de cette famille possèdent encore, au lieu-dit Puchesse, à Sandillon (Loiret), les ruines de la métairie de Bagneaux où résidèrent Pierre d'ARC/du LYS et son fils Jehan du LYS.
. Guillaume BEAUHARNAIS, famille illustre dont certains membres vont témoigner lors du Procès de Réhabilitation de Jehanne. Ceux-ci auraient alors été étonnés si on leur avait dit qu'une de leurs descendantes serait un jour impératrice ! (Joséphine, épouse de Napoléon 1er).
. La famille BOILLèVE, dont certains seront échevins ou maires.
. Jacques "BOUCHIé", trésorier, qui était le Jacques BOUCHER qui hébergea Jehanne à Orléans (c'est probablement la même personne que "Jacquot LARGENTIER" cité plus loin).
. Les LADMIRAULT, les LUILLIER (apparentés aux BOUCHER)..., et que dire des noms comme "CHEF-DE-VILLE, VILLE-EN-DESERT, PETIT-BOIS" ?
. Guyot MAREAU, anobli par Charles VII le 18 mai 1430 pour sa bonne conduite au siège, et qui sera un jour procureur.
. Colin NOLET, sergent de la prévôté, que l'on retrouvera dans l'article "La première mission de Jehanne", lors de l'arrivée de celle-ci dans la ville.
D'autres noms éveillent en moi des souvenirs : j'ai cotoyé au Collège Sainte-Croix d'Orléans des HUE et MORCHOASNE. Une dame SEVIN a été longtemps une collège de ma mère à la Préfecture...
Une de LOYNES discuta souvent avec ma grand'mère, sur une plage de Vendée, lors des vacances...
Encore plus concerné par LANGLOIS, "LHUILLIER", ROUSSEAU, car certains de mes ascendants se nommaient ainsi.
Comment ne pas être impliqué dans tous ces évènements que la ville d'Orléans commémore chaque année, le jour du 8 mai, depuis 1429 ?
Encore quelques autres Orléanais, dans les comptes de Hémon RAGUIER, trésorier des guerres de Charles VII, "depuis le 1er mars 1424 jusques au dernier (jour) de septembre 1433" :
"Le faict de l'avitaillement et secours sur les Anglois de la ville d'Orliens.
Aux personnes cy-après nommées de l'ordonnance de Mgr. de GAUCOURT(gouverneur de la ville), du moys de septembre 1428 :
(extraits...)
Le siège d'Orléans n'est pas encore effectif, mais les Anglais le préparent. Ils ne sont pas loin.
Le 12 octobre 1428, SALISBURY arrivera par le faubourg du Portereau, sur la rive gauche, avec SUFFOLK, de SCALES, GLASDALL et d'autres...
Aux ordres du gouverneur Raoul de GAUCOURT, la ville se prépare.
En plus des défenseurs de la cité, la ville lève et équipe une milice, qui épaulera les soldats. Le marchand G. CHAVRON confectionne et/ou vend 170 lances, ce qui laisse à penser que beaucoup étaient volontaires. Certains s'équipent d'arbalètes, arme plus idéale que l'arc pour les sièges où l'on peut se cacher derrière un rempart, et s'y appuyer pour bien ajuster son tir.
Regardons un peu Orléans, "au jour le jour" :
Jeudi 21 octobre 1428
Depuis le 12, les troupes anglo-normandes sont sur Orléans et ses environs, renforcées par les Bourguignons.
Jehan, "le bastard d'Orléans", qui sera plus tard comte de DUNOIS, qui avait fait fondre un gros canon par un nommé Jehan DUISY, avec des matériaux que lui avaient fournis avec empressement les Orléanais, le fait placer entre la porte Renart et la Loire, dans un endroit qu'on éleva sur les murailles; il fut si bien servi que les assiégeants en éprouvèrent un grand dommage, et furent même obligés de retirer leur poste des "Grands-Carmes" pour se réfugier dans la forteresse de Saint-Laurent, laquelle fut même endommagée par cette arme meurtrière.
Ce canon portait le nom de "chien". Ce qui fit dire aux assiégeants, lorsqu'ils voyaient une pièce d'artillerie qui portait loin : "c'est comme le chien d'Orléans, il aboie de loin", pour dire qu'elle porte loin, qu'elle s'entend de fort loin. Ce dicton est passé en proverbe.
Le même jour, Raoul de GAUCOURT, gouverneur d'Orléans, fait établir, dans une maison de la rue des Hôtelleries (aujourd'hui rue Sainte-Catherine) une fabrique de poudre à canon et à bombardes.
Vendredi 22 octobre 1428
Jehan COURROYER, surnommé "maistre Jehan", natif de Lorraine, est en garnison à Orléans. Spécialiste de la couleuvrine, arme nouvelle, il abattait toujours deux ou trois anglais à la fois. Il fut aussi à Jargeau, avec Jehanne, et aussi avec elle à Compiègne. Plus tard, il revint à Orléans après l'arrestation de la Pucelle. On le retrouvera plus loin.
Samedi 23 octobre 1428
Le brave capitaine français Pierre de LA CHAPELLE fut grièvement blessé à la défense des Tourelles, au bout du pont, que les Anglais finissent par investir. Il meurt ce jour-là. On lui fit un service religieux avec pompe en l'église Sainte-Croix.
Mardi 2 novembre 1428
Raoul de GAUCOURT crée un nouvel arsenal et un magasin de poudre dans une maison entre le Châtelet et Saint-Hilaire, près de la chambre louée en mai 1420 par les procureurs de la ville qui y avaient déposé les attirails de guerre depuis ce temps. Le gouverneur nomma un officier pour faire la distribution des armes et de la poudre qui étaient renfermées dans ce nouvel arsenal.
Dimanche 28 novembre 1428
Jehan de DUNOIS, capitaine français, est un noble de haut lignage et compagnon de Jehanne (certains pensent même qu'elle était sa demi-soeur). Surnommé "le Bastard d'Orléans", il est le fils du duc Louis, et donc à la fois le demi-frère de Charles d'Orléans (prisonnier durant 25 ans en Angleterre, de 1415 à 1440) et du roi Charles VII. Sa mère était Valentine VISCONTI, et l'eut par adultère avec le duc. Certaines thèses accréditent le fait que Jehanne soit aussi le fruit d'un adultère du duc Louis avec la reine Isabeau de Bavière, épouse de Charles VI. Ce qui ferait de Jehanne une demi-soeur de Charles VII, du duc Charles d'Orléans et du comte de DUNOIS.
Ce jour-là, à Orléans, dans le faubourg Bourgogne, DUNOIS fait pendre à un arbre deux soldats français accusés de trahison lors de la prise des Tourelles par les anglo-normands. Leurs corps furent rendus à leurs parents qui étaient dans Orléans, lesquels les firent enterrer à la place de l'exécution, et y firent alors élever une croix de bois qui, souvent renouvelée, se voyait encore en 1836, en avant de la porte Bourgogne, sur la gauche, en allant sur Saint-Marc.
Mardi 7 décembre 1428
Un habitant d'Orléans se nommait MONTMONICAU. C'est dans sa maison (où se situait-elle ?) que logèrent les Orléanais qui étaient chargés de défendre le boulevard de la Belle-Croix et celui du pont.
Vendredi 10 décembre 1428
Le gouverneur Raoul de GAUCOURT, prévenu que les assiégeants voulaient faire une tentative sur la ville, du côté du faubourg Bourgogne, y fit passer des secours, et y accourut lui-même. Mais il se déboîta le bras gauche, son cheval s'étant abattu devant Saint-Pierre-Empont. Il fut porté aux étuves qui en étaient peu éloignées.
Les étuves étaient des lieux hermétiquement fermés que l'on échauffait beaucoup, et dans lesquels on plaçait les malades pour les faire transpirer, dans l'espérance de les guérir par cette sudation. Il y avait plusieurs étuves à Orléans, savoir : deux pour les hommes et une pour les femmes. Celles des hommes étaient placées à la porte Parisis, et près de Saint-Donation et Saint-Rogatien, rue du Petit-Puits. Celles des femmes étaient au Vieux Marché de l'ancien bourg d'Avenum, marché aux veaux plus tard, près de l'Aumône Saint-Paul.
Samedi 25 décembre 1428
Après une trève entre assiégeants et assiégés - de 9 heures à 15 heures - à cause de Noël, les français se portent devant les Tourelles, par le pont, pour détruire les redoutes en terre que les anglo-normands y avaient construites pour franchir le dit pont.
Le "maistre Jehan" se fit remarquer avec sa couleuvrine lors de cette action. Il feignait de tomber mort, puis de se faire porter en ville, à la grande joie des assiégeants. Puis il revenait quelques moments après, se faire voir aux ennemis, et se moquait d'eux en leur lâchant la charge de sa couleuvrine. La couleuvrine dont ce brave homme se servait, était moins longue et moins pesante que celles des remparts; mais elle l'était encore assez pour être portée sur un petit chariot tiré par des servants. Il la chargeait de plusieurs balles de plomb, de fer, ou avec des cailloux.
Vendredi 7 janvier 1429
Combat à l'avantage des anglo-normands, entre la porte Renart et une petite rivière, nommée Flambert, qui se jetait dans la Loire au niveau de l'actuelle rue de Recouvrance. Le "maistre Jehan" y officiait.
Mercredi 12 janvier 1429
La batterie de canons placée à La Belle-Croix, sur le pont, dirigée par le "maistre Jehan" le couleuvrinier, fait sauter la couverture et le comble des Tourelles, après avoir tué plusieurs "Godons" (anglais) parmi ceux qui l'occupaient.
Mardi 25 janvier 1429
Plusieurs barques de vivres étaient sur le point d'entrer à Orléans, lorsque les habitants de la Sologne en avertissent "GLACIDAS" (le seigneur et capitaine anglais GLASDALL, nommé ainsi par Jehanne), qui envoya des troupes au port de Saint-Loup, qui était alors de ce côté du fleuve (rive gauche), pour s'opposer à leur passage.
Les Orléanais s'étant portés en avant, se firent transporter sur une île qui en était voisine; mais malheureusement ils donnèrent dans une embuscade, et ils furent obligés de battre en retraite. Plusieurs braves y périrent. Le "maistre Jehan" faillit se noyer, et perdit même sa couleuvrine et son petit chariot. Les Anglais partagèrent les vivres qu'ils venaient de prendre avec les traîtres de Sandillon, qui les avaient avertis de leur passage.
Samedi 29 janvier 1429
Jour de deuil dans le camp anglo-normand. Ce jour-là l'important seigneur et capitaine Lancelot de LISLE est tué par un boulet.
Lundi 31 janvier 1429
Les assiégeants se répandent dans les environs de Saint-Jean-de-la-Ruelle pour enlever tous les échalas des vignes afin de les utiliser pour faire du feu. Il en résultat un rude combat dans lequel fut tué le brave Orléanais Miron de BEAUZENER, que certains disent originaire de Beaugency, à quelques lieues en aval d'Orléans sur la Loire.
Lundi 21 février 1429
DUNOIS et ses principaux officiers, craignant que les anglo-normands, qui paraissaient paisibles ce jour-là, ne cherchassent à s'approcher des murailles pour tenter de les renverser par la mine (en les sapant par dessous), fit pour la première fois l'usage du moyen que le nommé Robert CARRé lui avait proposé pour s'en assurer.
Ce procédé consistait à placer en avant des murailles et des fossés, sur le terre-plein, plusieurs grands bassins en cuivre. Ces bassins étaient enfoncés à plusieurs pieds en terre, à fleur de terrain, et de distance en distance, et ensuite remplis d'eau jusqu'au bord. On examinait si le liquide frémissait car, s'il en était ainsi, c'était une preuve qu'on travaillait sous terre; on n'avait rien à craindre si la surface de l'eau était calme. Il fut payé 58 sous 8 deniers à Naudin BOUCHARD, "saintier" (fondeur) pour la confection d'un certain nombre de bassins à laver, et d'une "acarre" (équerre), pour s'assurer si les ennemis minaient, et si les murs ne perdaient pas leur aplomb.
Jeudi 3 mars 1429
Les Orléanais font une sortie, pour empêcher les nouveaux travaux que les assiégeants faisaient pour leurs tranchées qui communiquaient d'une bastille à l'autre du côté de Saint-Laurent. Le "maistre Jehan" tua plusieurs ennemis, entre autres Lord GRAY, neveu de feu le comte de SALISBURY.
Mais, malgré quelques avantages, les français furent repoussés jusque sous le canon des boulevards de la porte Bernier (Bannier). S'étant jeté dans le fossé, plusieurs français furent tués par les Orléanais qui ne les reconnaissaient pas.
Jeudi 17 mars 1429
Mort d'Alain DUBAY, prévôt d'Orléans, chéri par ses vertus et l'intégrité de ses jugements. On pensa que les malheurs de sa patrie avaient avancés ses jours. Ce citoyen estimable fut regretté de tous les Orléanais qui lui firent un service public aux frais de la ville. (C'est sûrement le "A. du BEC - ou BEY - qui figure sur l'état nominatif ci-avant, des gens qui se sont fait remarquer au siège.)
Vendredi 25 mars 1429
Après la mort d'Alain DUBAY (voir ci-dessus), il fallut le remplacer, et c'est Jehan LEPRÊTRE(ou LEPRESTRE) qui fut nommé prévôt. Huit jours après, le nouveau prévôt organise une grande distribution de blé et de vin, faite à la garnison d'Orléans, en présence de Jehan Le Cailly (ou CAILLY), notaire au Châtelet, du consentement des bourgeois, manants et habitants de la cité.
(voir sur ce site l'article "Une journée au siège d'Orléans.")
Samedi 2 avril 1429
Plusieurs canons sont montés sur des affûts roulants et conduits à différentes places des remparts (jusqu'alors les canons n'étaient point montés sur des affûts roulants, mais placés sur des chevalets immobiles.) Il fut payé 3 livres 2 sous à Jehan CHAUMART pour 17 journées des charpentiers qui ont "mis à point" les affûts roulants et les ont mis en place.
Dimanche 17 avril 1429
Baudet MIXY, seigneur de la cour du duc de Bourgogne, accompagné d'un trompette, arrive à Orléans pour rappeler les troupes Bourguignonnes au service des Anglais. Ce qui fit que les troupes anglo-normandes furent très affaiblies par le départ des Picards, des Champenois et des Bourguignons. Cet envoyé et son trompette furent très bien accueillis à Orléans, et l'on donna à Baudet MIXY 4 écus d'or, valant 8 livres 16 sous, et au trompette 20 "salus ou sous d'or" valant 58 livres. De plus, ils furent régalés chez Thévenon VILLEDART, qui reçut pour "la despence et la bonne chair" faite en son hôtel la somme de 22 livres parisis.
nb : un Estienne VILLEDARD est signalé dans les défenseurs de la cité s'étant distingués lors du siège.
Vendredi 29 avril 1429
Arrivée d'un convoi de ravitaillement, et surtout de Jehanne la Pucelle à Orléans.
(voir sur ce même site : "La première mission de Jehanne la Pucelle".)
Il y eut d'autres convois et tentatives de ravitaillement de la ville, en vivres, munitions et autres marchandises.
- Le lundi 3 janvier 1429, arrivée à Orléans de 954 porcs gras et de 400 moutons que les assiégés parvinrent à faire entrer par la porte Bannier, pendant qu'ils faisaient de grandes démonstration à la porte Renart et à celle du faubourg Bourgogne pour occuper les Anglais.
- Le mardi 25 janvier, plusieurs barques de vivres étaient sur le point d'entrer à Orléans, lorsque les habitants de Sandillon (côté Sologne) en avertissent Glasdall qui empêchera leur acheminement.
- Le dimanche 13 février, pour se venger, les français ont vent qu'un convoi de vivres anglais arrive de Paris, et décident de l'attaquer. Combat de Rouvray-Saint-Denis, en Beauce, appelé "Journée des Harengs", parce que la plupart des chariots qui composaient le convoi étaient chargés de barils de cette sorte de poisson, destinés aux anglo-normands durant le Carême.
Les français ayant voulu l'enlever furent battus. Beaucoup de seigneurs et soldats français et écossais furent tués, et Dunois, blessé, s'en tira de justesse.
Le 17 février, les anglo-normands qui avaient escorté et défendu ce convoi arrivent à Orléans. Plusieurs, se portant jusque devant les remparts de la ville, narguèrent les français en criant : "Ah, mes harengs, mes biaux, mes biaux harengs !". Les Orléanais leur répondirent par quelques coups de canon, qui en tuèrent plusieurs et firent taire les autres.
Le site de la bataille existe encore à Rouvray-Saint-Denis, en plein champs, au sud du village. Il y a la "mare aux boeufs" où, paraît-il, les anglais firent boire les animaux qui tractaient les chariots. L'endroit du combat est rappelé par un panneau portant l'inscription : "Le Camp Ennemi".
Autres ravitaillements :
- Le mardi 15 mars, le Bâtard de LANGRES parvient avec peine à s'introduire dans Orléans pendant la nuit, avec 6 chevaux chargés de poudre à canon.
- Le mardi 5 avril, quelques vivres, envoyées de Châteauneuf-sur-Loire, entrent furtivement dans la place, et on apprend la nouvelle d'un succès sur les Anglais par la garnison de cette petite ville.
- Le mercredi 13 avril, un petit convoi de munitions de guerre arrive à entrer nuitamment dans la ville, par la porte Bourgogne. Les anglo-normands voyant que les assiégés faisaient souvent entrer des munitions de guerre et de bouche par les portes Bourgogne et Bannier, qui n'étaient pas assez gardées par eux, élevèrent une belle et forte bastille, très bien faite, à un jet de pierre au nord de la porte Bannier, entre Saint-Pouair (près de l'actuel Saint-Paterne) et Saint-Ladre, à laquelle ils donnèrent le nom de Paris. Pour élever cette forteresse, ils abattirent la petite église de Saint-Pouair, et se servirent des matériaux pour rendre leur fort plus solide.
- Le samedi 16 avril, arrivée de subsistances venues de Blois. On parvient à les faire entrer dans la ville par la porte Parisis, après être passé par le chemin de Fleury, sans que les anglo-normands en eussent connaissance.
- Les 29 avril et 4 mai, arrivée de vivres venues de Blois (voir ci-avant).
- Le 8 mai et les jours suivants, les Orléanais se répandent dans toutes les bastilles, forts et batteries abandonnées par les anglo-normands, renversent tout, et rentrent dans la ville avec les vivres, les munitions de guerre, les bombardes, les gros canons que les ennemis n'avaient pu emporter dans leur fuite.
Dimanche 1er mai 1429
Le 29 avril précédent, vers 20 heures, Jehanne était entrée dans la ville d'Orléans, qu'elle avait traversé pour aller loger chez Jacques BOUCHER.
Ce jour, Jehanne assiste à la messe. Jacques LEPRÊTRE, garde de la prévôté, est chargé de présenter à la Pucelle, au nom de la Ville, 7 pintes de vin à 6 deniers la pinte (environ 8 litres).
NB : c'était coutume à l'époque de faire des dons en nature de cette sorte pour honorer un hôte ou un invité.
Mardi 3 mai 1429
Ce jour-là, les garnisons de Montargis, Gien, Château-Renard, du pays de Gâtinais, de Châteaudun, avec un grand nombre de gens de pied, armés de traits et de guisarmes, entrent dans Orléans pour contribuer à sa défense. Dans la journée a lieu la Procession de la Vraie-Croix. Jacquet LEPRÊTRE est chargé de payer 2 sous parisis à ceux qui portent les torches de la ville lors de cette cérémonie. Raoulet de RECOURT, procureur de la ville, est chargé de présenter à Jehanne une belle "alouse" (une alose, poisson abondant en Loire). Une armée, conduite par DUNOIS, a quitté Blois et vient, après une marche forcée, passer la nuit à quelques lieues d'Orléans. Ils amènent des vivres, qui entreront en ville le lendemain (voir plus haut).
Jeudi 5 mai 1429
La ville fait faire de grandes provisions d'huile d'olive, destinée à oindre les fagots, pour l'assaut des Tourelles, et d'autres matières, ainsi qu'il suit :
A l'époque, la poudre à canon était faite avec du salpêtre, du soufre, du charbon et du vinaigre. Elle était renfermée dans des sacs de cuir ou dans des caques à harengs, pour la préserver de l'humidité.
Vendredi 6 mai 1429
Après la prise du couvent des Augustins par les français, et les combats au Portereau, Jehanne et les soldats stationnent devant les Tourelles, face aux anglo-normands. Les Orléanais font passer des vivres et du matériel aux troupes. Les habitants de la ville passaient la Loire dans de petits bateaux pour les porter. On en trouve trace dans les comptes de la ville :
Les lances fournies aux soldats français étaient destinées à écarter les ennemis qui voudraient défendre les approches du fossé. Les crocs et les pinces de fer devaient servir pour ébranler et renverses les piquets qui soutenaient les palissades.
Les fusées incendiaires étaient déjà connues à cette époque; on n'a pas de renseignements certains sur leur forme et leur composition exacte, ainsi que sur les moyens de s'en servir. Nous savons seulement qu'elles étaient recouvertes de peaux de moutons pour les préserver de l'humidité, et qu'elles étaient quelquefois attachées à une flèche ou à un fer très aigu qui les fixaient sur les objets qu'elles atteignaient.
Le "maistre Jehan" à qui elles furent remises était cet habile et brave couleuvrinier qui se fit souvent remarquer au siège et lors d'autres combats. Des auteurs prétendent qu'il était du pays de Jehanne; d'autres en doutent car elle ne lui fit pas plus d'accueil qu'aux autres soldats de la garnison. Il fut chargé de détruire, aves ses fusées incendiaires, le pont des Tourelles, seul endroit par où les assiégeants pouvaient s'échapper.
Note :
On place l'invention de la couleuvrine à l'année 1428. Le canon, la bombarde étaient isolés; la couleuvrine, sans affût, était appuyée sur une fourchette de fer. Plus tard, on la perfectionna en combinant la couleuvrine avec le pied de l'arbalète. Jusqu'au 16ème siècle, il fallut user de cette fourchette de fer et se servir d'une mèche pour mettre le feu au foyer de l'instrument, puis on usa d'un mécanisme pour produire l'étincelle à l'aide d'une pierre de silex.
Dans la ville assiégée se trouvaient environ 71 bouches à feu ou canons, mais seulement quelques couleuvrines. L'arme était toute nouvelle. On ne comptait que 12 canonniers principaux, dont plusieurs avaient un "varlet" (aide ou servant).
On connaît au moins deux couleuvriniers : Philippe NICOLAS et le célèbre "maistre Jehan" dont on sait qu'il perdit sa couleuvrine, et la retrouva dans le fort des Tourelles après le siège, et aussi son petit chariot. Les deux firent grand mal aux assiégeants.
Les couleuvrines étaient des pièces d'artillerie longues et moins fortes que les canons et les bombardes. Il y en avait même de petites, montées sur de petits chariots, qui suivaient le mouvement des troupes, comme celle du "maître Jehan", qui la faisait accompagner toutes ses expéditions. Elles se chargeaient avec des balles de plomb de 2 livres chacune. Le service en était fait par un militaire que l'on appelait le couleuvrinier, et qui avait à sa disposition un servant. Les couleuvrines portaient ce nom parce qu'elles se terminaient par un bouton à la culasse qui avait la forme de la tête d'une couleuvre.
Donc ce jour, 6 mai, Jehanne, avec 3.000 hommes, avait passé la Loire à l'Ile-aux-Toiles, et débarqué sur la levée du Portereau, puis on prit les Augustins.
Les combats font rage, et Jehanne est blessée au talon par une chaussetrappe. DUNOIS remet l'attaque des Tourelles au lendemain (Jehanne recevra alors une flèche au-dessus du sein).
Aujourd'hui encore, Jehan HILAIRE, l'un des procureurs de la ville et receveur des deniers communs, a "paié et baillé des deniers de sa recepte à Monseigneur le Bastard d'Orléans, la somme de 500 livres tournois, pour 14.000 traits" (flèches) qu'il avait fait venir de Blois. Ces flèches ou traits à arbalètes étaient contenues dans un tonneau, trois traversins et deux caisses. Le lendemain, Orléans sera délivrée !
Samedi 7 mai 1429
On sait que ce jour-là les combats font rage toute la journée. Les français l'emportent et Orléans est délivrée. Il se passa tant de choses... qui ont amplement été racontées et commentées ! Citons toutefois une anecdote amusante :
Lebour de LABAR (*) un Orléanais, brave soldat et excellent capitaine, fait prisonnier par le seigneur anglais Jehan TALBOT depuis quelques jours, fut confié à un moine Augustin, anglais de nation, qui, pour s'assurer de son captif, lui avait fait mettre les fers aux pieds. Le religieux ne sachant pas, à la porte Bannier où il était, ce qui se passait sur le pont et aux Tourelles, voulait remettre son prisonnier aux anglais qu'il croyait encore maîtres de la bastille Saint-Pouair (près de Saint-Paterne actuel, rue Bannier) nommée Paris.
Mais le prisonnier, plus au fait des évènements, saisit le moment, et se jette brusquement sur l'Augustin en lui serrant fortement la gorge. Il ne lui accorda grâce que sous la condition qu'il le porterait sur son dos - étant gêné par les fers - jusqu'au milieu d'Orléans. Sa présence d'esprit rendit un service d'autant plus grand que le religieux, captif à son tour, donna sur les troupes anglo-normande les détails les plus importants. Mais combien a-t-on dû rire en apercevant cet étrange équipage !
La réalité est pourtant là ! Si la victoire est totale, on doit déplorer beaucoup de morts, et aussi un grand nombre de blessés. Mais il n'existe pas encore d'hôpital militaire, et on se débrouille sur le terrain. La ville distribue de l'argent aux blessés pour qu'ils se fassent soigner et panser, et c'est Jehan HILAIRE, procureur et receveur des deniers communs qui s'en occupe.
Berthault COULON, par exemple, soldat de la compagnie de Audin BOISSY, reçoit une somme d'argent. Blessé d'un coup de canon à l'assaut du boulevard du Portereau, il va pouvoir ainsi s'en sortir, sans doute.
Jehan MAHY reçoit de l'argent de la ville pour donner à trois "escossois" blessés, "pour les aidier à vivre". Mais les "hommes de l'art" sont là aussi. Thomas CUROGIER reçoit de l'argent "pour son sallaire d'avoir appareillé (pansé, soigné) des hommes d'armes qui ont été blessés. Jehan PICHORé est barbier (ceux-ci faisaient aussi fonction de chirurgien) et il est payé pour avoir visité "les bléciez en ladicte ville, et appareillé ceulx-ci", par l'ordonnance des procureurs. Il sera payé une seconde fois : "au mesme pourcequ'il a revisité les gens d'armes bléciez devant le siège des Thorelles."
(*) ou LEBOURG, qui signifie "le bâtard". Ce qualificatif n'était nullement offensant. C'est un enfant issu d'un adultère d'un seigneur, mais qui était reconnu comme tel, et avait des droits. Ainsi : le Bâtard d'Orléans, Jehan, comte de Dunois.
Dimanche 8 mai 1429
Les deux armées sont face à face. Mais les anglo-normands refusent le combat et, en bon ordre, partent pour se replier sur les villes de Meung-sur-Loire et Beaugency, encore - pour peu de temps - sous leur domination.
Une procession générale est organisée, de l'église Sainte-Croix à celle de Notre-Dame-des-Miracles.
Jehan HILAIRE, receveur des deniers communs, chargea, entre autres, Jacquet LEPRESTREde faire confectionner deux cent "mestiers d'oublies" (sortes de petites tartelettes sucrées de l'épaisseur d'une oublie) à l'attention de monseigneur le Bastard d'Orléans, à qui l'on présente également "ung luz, ung bar et aultres poissons" que Jehan Le BERCHE s'était chargé d'acheter (ou de pêcher).
A cette procession assistèrent une grande partie des Orléanais, le clergé, les religieux de tous ordres, les magistrats, les militaires et leurs chefs, et surtout la Pucelle, portant son étendard victorieux, le plus bel ornement de cette première fête, préfiguration de toutes celles qui se dérouleront à Orléans chaque 8 mai, et qui perdurent toujours.
Jehanne n'est pas oubliée, et les habitants, par les procureurs, lui font plusieurs présents. Jehan HILAIREpaya :
nb : pour le 8 mai 1445, les procureurs de la ville arrêteront que, parmi les frais pour la "fête de la ville", on comprendrait la somme de 8 sous pour un ceinturon de cuir, pour pendre la bourse qui soutenait le bout du bâton "de quoy se porte la bannière de la bille à la procession des Thourelles." Et qu'il serait payé 2 sous "aux enfants de cueur" de Sainte-Croix, et autant à ceux de Saint-Aignan, pour avoir "des petits pastés" (pâtés).
Jeudi 9 juin 1429
Jehan d'Orléans, dit "Coeur de Lis", le hérault de la ville, va crier par toutes les places et carrefours que le lendemain, jour de la Fête-Dieu, on porterait le Corpus Domini (procession du Saint-Sacrement), et que les gens d'église seraient pieds nus.
Le hérault de ville était une espèce d'officier qui portait une robe, sur laquelle étaient peintes, devant et derrière, les armes de la ville. Il avait dans sa main droite une masse, et sur sa tête une toque. Ses fonctions étaient d'annoncer par la ville les ordres du Corps des Procureurs (Echevins), ainsi que les fêtes civiles et religieuses.
On l'appelait "Coeur de Lis" à cause des armes de la ville où se trouve le pistil de cette fleur. Dans certaines occasions de ses fonctions, il portait la dénomination de "poursuivant", parce qu'il était chargé de poursuivre ceux qui ne voulaient pas obéir à ses ordres et les citait à la Chambre de la ville.
Les habitants des villes considéraient comme leur privilège le plus précieux celui de se garder eux-mêmes, et d'échapper par là aux déprédations des gens de guerre en rupture de contrat. Malgré la crainte que manifestait la féodalité française que le peuple ne s'exerçât au maniement des armes, cependant, dès l'année 1384, et pendant une trêve d'un an conclue avec l'Angleterre, on avait organisé, dans les grandes villes, des compagnies d'arbalétriers.
A Orléans, au quartier de la Maison-Neuve, près de la porte Renart, on avait établi une école d'arbalétriers qui, dit-on, remontait à l'année 1340. Pour cela, on avait approprié des terrains, à l'une des extrémités desquels on avait placé des "buts" où devaient viser ceux qui se livraient à ces exercices, et qu'on appelait les "buttes". Les archers, ou tireurs à l'arc, et les arbalétriers, ou tireurs à l'arbalète, avaient chacun leur "butte".
On avait attaché des privilèges à l'adresse qu'on devait travailler à acquérir : le "roi des arbalétriers" était exempt de la taille (impôt) et de toutes les redevances et impositions, et tous les ans, le 8 mai, le maire donnait, après un banquet, à ce "roi" un émail d'or aux armes de la ville, appelé "Coeur de Lys".
Vendredi 10 juin 1429
Jour de la Fête-Dieu, où avait eu lieu la Grande Procession où fut porté le Corpus Domini, fête remarquable "pourceque les gens d'église furent pieds nus". Mais aussi par les chapeaux de fleurs qui étaient sur la tête des procureurs qui portèrent le "ciel" (le dais) sur leurs épaules. Ces chapeaux de fleurs, achetés par Jacquet LEPRESTRE, étaient en forme de couronne, avec des bandes qui se réunissaient en pointe au-dessus de la tête.
Nous sommes à la veille de la prise de la ville de Jargeau. Par ordonnance des procureurs, Charlot Le LONG fournit "aux frères de la Pucelle (Pierre et Jehan) 3 paires de houseaux (guêtres en cuir qui s'attachaient avec une broche en fer en place de boutonnière) et aussi 3 paires de souliers."
Les procureurs de la ville chargent l'un d'eux, Jehan MORCHOASME, de payer à Thévenon VILLEDART, "la despence que ont faicte en son ostel les frères de la Pucelle" pendant leur séjour à Orléans. Pierre et Jehan d'ARC devaient être bien impécunieux ! Ceux-ci ne partirent pas les mains vides car le même procureur fut chargé de "bailler auxdits frères de la Pucelle pour don à eulx faict, trois escuz d'or qui ont cousté chascun 64 sous parisis."
Jehanne quitte donc Orléans pour se porter sur la ville de Jargeau - qui sera prise le lendemain - avec les troupes qu'elle conduisait avec les autres chefs, et aussi certains Orléanais qui la suivirent dans cette expédition, et composée, dit-on, d'environ 8.000 combattants. Le "maistre Jehan", qui s'était déjà fait remarquer à Orléans, voulut lui aussi participer à ce siège, auquel il se rendit avec sa couleuvrine, son petit chariot et ses "varlets" (ses assistants). La ville sera prise et saccagée et les assiégeants passés au fil de l'épée, sauf quelques religieux que Jehanne sauva.
Jehanne étant montée à l'escalade des remparts dans les premiers rangs, fut renversée dans le fossé par un anglais qui lui jeta sur la tête un gros caillou qui, arrêté par son casque, et la pierre étant friable, ne blessa pas la Pucelle qui reprit le combat. Mais elle aurait été prise si le "maistre Jehan" n'était pas venu à son secours, avec sa couleuvrine, tuant tous les ennemis qui s'approchaient d'elle, et put ainsi la dégager.
Puis ce sera la recouvrance des villes de Meung-sur-Loire et Beaugency.
Ensuite la bataille de Patay, le 18 juin, pour entamer ensuite la longue marche, par Troyes et Sens, jusqu'à Reims pour le sacre de Charles VII.
28 octobre 1429
Un nommé BOMBACHELIER, paveur d'Orléans, est chargé de réparer le pavé du mont, dans la longueur de 48 toises et demie, à l'endroit du boulevard de la Belle-Croix. Lesdits travaux estimés à 8 livres.
Auparavant, le 12 octobre, avait eu lieu une procession générale pour l'anniversaire du siège que "les Anglois avoient mis devant Orliens." Les procureurs de la ville chargent l'un d'eux, Jacquet LEPRESTRE, de payer 4 sous parisis à "ung pauvre homme qui avoit ôté un cheval mort qui estoit devant l'ostel de MARESCOT, pour cause de la procession générale en mémoire du jour que les Godons (anglais) mesdrent (mirent) le siège devant Orliens."
29 octobre 1429
Fin de l'Assemblée des Trois-Etats à Orléans. Les députés de la ville furent les citoyens : GIRARD, BOYLEVE, Estienne LUILIER, maistre Raoul (de RECOURT), maistre Philippe (?), Guillaume COMPAING, Jehan MIGNAI et Thévenet de BOURGES. On paya leur nourriture, pendant la tenue des Etats, depuis le 21 jusqu'au 29 octobre, mais on ne la paya pas le samedi 24 et le dimanche 25, parce qu'il n'y eût point de séance ces jours-là.
Egalement durant le mois d'octobre 1429
Destruction de la catapulte, ou "Grand Couillard" de la tour Saint-Paul. Les bois sont portés en la Chambre de la ville. Les procureurs chargent "Jehan", charretier, de ramasser les tabliers (voir ci-après) et de les "ardre" (brûler).
Raoul BEAUPIGNé, charron d'Orléans, est chargé de faire "l'eschaffault" à Sainte-Croix, pour y brûler les tabliers, et de fournir plusieurs "étantières" (pièces de bois) pour faire "ledict eschaffault" qui brûlait avec les registres.
NB : on appelait "tabliers" des registres ou des tarifs qui restaient constamment sur les tables de l'octroi, lesquels étaient toujours à la disposition du public qui voulait les consulter. Les placards se mettaient au coin des rues et carrefours, et les tabliers restaient sur les tables. L'on disait alors : "donnez-moi le tablier", pour dire : "donnez-moi le registre ou le livre qui reste sur la table."
Dans plusieurs ordonnances des rois de France, notamment relatives au tarif des vins, comme celle de l'année 1304, le nom de "tablier" est donné au bureau de l'octroi lui-même. On appelait aussi "tabliers" des espèces de nappes en grosse toile, qui se mettaient sur les tables, lesquelles avaient des garnitures ou pendants en toile plus fine qui servaient à s'essuyer les mains et la bouche, les serviettes n'étant pas encore en usage.