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Autour de Jehanne la Pucelle, dite "Jeanne d'Arc". Articles et travaux divers.
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Acte n°2

Acte n°2

Publié le 10/07/2013 à 10:51 par jehannedarc

Acte n°2

La maison où habitèrent les du Lys, rue des Africains, à Orléans, 

près de Saint-Pierre-le-Puellier, prise à bail du chapitre de Saint-Euverte.

Reprise de cette maison par le chapitre en 1505

 

1440 : En juillet, Isabelle "Romée" arrive à Orléans avec une partie de sa famille. La ville les loge dans la rue des Pastoureaux.

 

1441 : Pierre du Lys obtient à bail du chapitre cathédral la métairie de Bagnaulx à Sandillon.

 

1443 : Le duc d'Orléans accorde à Pierre du Lys et à son fils Jehan l'usufruit de l'Ile-aux-Boeufs située sur la Loire.

 

1452 : Le chapitre de Saint-Euverte accorde à bail à Pierre du Lys, une maison près de Saint-Pierre-le-Puellier à Orléans, où résidera Isabelle "Romée" et, plus tard, son petit-fils Jehan.

 

Avant de détailler l'acte, précisons la signification de "le Puellier".

Le mot vient du latin : puella/puellae, qui signifie : une jeune fille non mariée. Le mot "pucelle", qui en découle, signifie de nos jours une jeune fille vierge, sans doute parce que l'on considérait qu'une fille devait l'être tant qu'elle n'était pas mariée. Pour le mot "vierge", la latin a un autre mot : virgo.

En fait, on pourrait traduire puella, ou pucelle, par : demoiselle.

"Puellier" en est l'équivalent masculin, qu'on pourrait traduire par jeune homme (et non par puceau). Pour l'église en question, on pourrait dire : Saint-Pierre-le-Jeune.

 

Contrairement à ce que pensent beaucoup d'Orléanais, les d'Arc/du Lys n'ont pas toujours habité dans cette maison. Il étaient là depuis presque 12 ans quand Pierre obtient ce bail, le 8 mai 1452 (date symbolique), probablement pour avoir un pied à terre à Orléans.

Voulant sans doute honorer la famille de la libératrice de la cité, le chapitre de Saint-Euverte accorde à Pierre des conditions plus qu'avantageuses. 

Voici ce bail :

 

"A tous ceulx qui ces présentes lectres verront, nous, frère Adam, humble abbé de l'abbaye et église de monseigneur Sainct-Euverte d'Orliens, et tout le couvent d'icelluy lieu, salut en Nostre-Seigneur.

 

"Scavoir faisons que nous, pour le bien, utilité et prouffit de nous et de nostre dicte église et abbaye, pour ce aujourd'huy assemblez en nostre chapitre, par le somp (le son) de la cloiche, en la manière acoustumée, et tous d'un accord et assentement, congnoissons et confessons que nous avons baillé et baillons à rente, ferme ou pension, du jour de la Nativité Sainct-Jean-Baptiste prouchaine venant jusques à cinquante-neuf ans prouchains venans et ensuivans, à noble homme messire Pierre du Liz, chevalier, demourant à présent en la parroisse Sainct-Aignan de Sandillon, près d'Orliens, pour luy, ses hoirs (héritiers) et pour ceulx qui auront cause de luy".

 


C'est net : il habitait alors à Sandillon. Sans doute Isabelle devait souvent y venir, et rester quelques temps sur place, surtout les mois d'été, mais sa résidence principale devait être sur Orléans, dans la rue des Pastoureaux. Pierre voulait ainsi que sa mère ait vraiment une maison à elle, en ville, et la fit déménager pour s'installer dans celle-ci. Le bail établi pour 59 ans n'est pas une rareté. On pratiquait souvent ainsi.

 

"Une maison en ruyne que nous avons assise à Orliens, en la parroisse Sainct-Père-Pulier (sic) sur la rue et faisant le coing de la rue qui va de ladicte rue de Sainct-Flou à l'église dudit Sainct-Père-Publier (sic), et tenant à ... (un blanc), à tenir et exploicter ladicte maison en ruyne par ledit messire Pierre du Liz, preneur, et par ceulx qui auront cause de luy, et en faire les loyers, yssues, prouffitz et revenues siens, durant ledit temps; pour le pris et somme et trente-deux solz parisis, monnoye vallant sept livres tournois, marc d'argent, de rente, ferme ou pencion, chascun an, durant ledit temps, à nous rendre et payer chascun an, aux termes de Sainct-Jehan et de Noël;"

 


La maison avait beaucoup souffert, durant les combats et bombardements du siège, et on précise à deux reprises ci-dessus qu'elle était en ruines. Le loyer de 32 sols parisis, sans être excessif, laisse penser qu'elle était tout de même assez grande. Il était sans doute possible de la remettre en état sans trop de difficultés, et, pour ce faire, le chapitre accorde à Pierre les conditions suivantes :

 

"Sauf et excepté que ledit messire Pierre, preneur, ne (ni) ceulx qui auront cause de luy ne seront tenuz paiez aulcune chose de ladicte rente pour les deux premières années qui finiront à Noël mil quatre cens cinquante trois. Et commencera le premier terme à la Nativité Sainct-Jehan-Baptiste qui sera l'an mil quatre cens cinquante quatre.

"Auquel premier terme ledit messire Pierre du Liz ne paiera que douze solz parisis jusques à quatre ans ensuivans, qui finiront à Noël mil quatre cens cinquante et sept.

"Et de là en avant, ledit messire Pierre du Liz, preneur, ou ceulx qui auront cause de luy, seront tenuz paier par chascun an, durant ledit temps, trente-deux solz parisis de rente par an, ausdictz termes, à chascun terme seize solz parisis, le premier terme commençans à la Nativité Sainct-Jehan qui sera l'an mil quatre dens cinquante et huit".

 


Deux années gratuites, 12 sols durant les quatre ans qui suivront, avant de payer le loyer annuel dans sa totalité, sont des conditions plutôt avantageuses. En contrepartie, Pierre doit s'engager à retaper la maison :

 

"Et par ce contrault (contrat, bail) faisant, ledit messire Pierre du Liz, preneur, sera tenu mectre ladicte maison en bon estat et convenable, dedens du jourduy en six ans prouchains venans, tant de couverture comme de murailles, planchers et aultres choses; et icelle mise, la maintenir durant ledit temps; et en la ffin d'icelluy temps la laisser en bon estat et convenable, et couverte toute en thuille".

 


Pierre devra évidemment payer les impôts et taxes, sauf le cens qui restera à la charge du chapitre. Il payera aussi les frais éventuels de transfert de bail :

 

"... et paier toutes tailles d'église, de ville, puis (puits), pavés et aultres choses qui seront imposées sur ladicte maison (c'est l'équivalent de nos impôts locaux), durant ledit temps; sans riens rabatre de ladicte rente, sauf ledit cens que nous paierons en nostre main; et à chascune mutaccion qui se fera de ladicte maison, durant ledit temps, du cousté dudit preneur, soit par mort, transport ou autrement, celluy ou ceulx qui tiendront ladicte maison seront tenuz eulx venir obligez envers nous, dedens ung an après ladicte mutacion".

 

Et l'acte poursuit :

 

"Si promectons en bonne foy et soubz l'obligacion de nous, de noz successeurs et de tous noz biens et des biens de nostre dicte église et abbaye, que jamais par nous ne par aultres, encontre le bail et choses dessus dictes ne viendrons, ne assérons à venir; ainçois (ainsi ?), les ons (ont) et aurons, tendrons et garderons fermement et loyaulment, sans jamais venir contre; et ladicte maison par nous ainsi baillée à rente, ferme ou pencion, comme dict est, garentirons, délivrons et deffendrons, durant ledit temps, audict preneur, et à ceulx qui auront cause de luy, de tous empeschemens, vers tous et contre tous, en jugement et dehors, aux us et coustumes du païs".

 


Ces formules nous semblent un peu compliquées. Comprenons-nous absolument tout - de nos jours - de ce qui figure sur les actes de nos actuels notaires ?

Et l'acte se termine ainsi :

 

"Et si, rendrons et paierons tous coustemens et dommaiges qui faiz seront par deffault de garentie, de délivrance ou de deffence. Et renonçons en cest faict à tout et généralement que dire et proposer pourrions contre ces lectres ou la teneur d'icelles;"

"En tesmoing de laquelle chose nous avons seelé (scellé) ces présentes de noz séaulx; qui furent faictes et données en nostre dit Chappitre le lundy huityesme jour de may, l'an mil quatre cens cinquante et deux".

 


La famille fut longtemps locataire de cette maison, de 1452 et probablement jusqu'au décès de Jehan du Lys en 1501, soit 49 années.

C'était donc véritablement "la maison des du Lys".

Quand Jehan décède, le bail n'était pas terminé, les 59 ans prévus n'arrivant à terme qu'en 1511.

Marguerite du Lys, cousine et héritière de Jehan, et son mari, Antoine de Brunet, ne semblent pas avoir repris cette maison. Peut-être ne les intéressait-elle pas.

La maison sera reprise par le Chapitre en 1505 par le chapitre de Saint-Euverte, dans la manière et les conditions qu'on va découvrir ci-après.

 

Reprise de la maison par le chapitre

En 1505 on reparle de cette maison. La prévôté d'Orléans la fait saisir, pour être cédée aux enchères au plus offrant.

Quelle en est la raison ? Elle devait être vide et abandonnée, mais restait quand même toujours la propriété du chapitre. Le prévôt fait établir l'acte suivant :

 

"A tous ceulx qui ces présentes lectres verront, Loys Roillart, licencié en loiz, conseiller du Roy nostre sire, garde de la prévôté, salut.

"Comme à la requeste du procureur du Roy nostre sire ou bailliage d'Orliens, Jehan Lignage, sergent et crieur des bans, criz et proclamacions du Roy nostre sire ès ville et prévosté d'Orliens, eust dès le huityème jour de novembre, l'an mil cinq cens et cinq, pris, saisy et mis en la main du Roy nostre sire, le droit de tenue et seigneurie utille, durant le temps que, une maison assise à Orliens, sur la rue par où l'en va de la Tourneufe à l'église Sainct-Flou, faisant le coing des rues à aller de Sainct-Père-Pullier à Sainct-Aignan, est à tenir; tenant d'une part icelle maison à ladicte rue où l'en va de ladicte rue à l'église Sainct-Flou, d'autre part aux hoirs feu Androuet, et d'autre part aux hoirs feu Jaquet Habert; laquelle maison fust et appartint à feu Jehan du Lis et est de présent vacant par faulte de détenteurs et de héritiers dudit du Liz; pour icelle maison estre criée, vendue et décrétée, aux charges anciennes et foncières, et au plus offrant et dernier enchéresseur".

 


La maison est bide d'occupant, et on va le signeler et le "crier" au lieu habituel, le Châtelet, afin de trouver quelqu'un d'intéressé.

Le sergent Jehan Lignage est chargé de cette tâche. Quelqu'un portant le même nom et le même prénom est cité, dans les comptes de la ville, le 6 mai 1429 : Jehanne et les français ont passé la Loire et stationnent devant les Tourelles du pont, face aux Anglais; les Orléanais ravitaillent les roupes; Jehan Lignage, boulanger de la cité, va fournir "8 douzaine de gros pains chauds", pour nourrir les combattants qui prendront les Tourelles le lendemain. Celui-ci était-il le père de l'autre ?

Le sergent de la prévôté met en route la procédure :

 

"Et ledit jour se feust ledit Lignage, sergent, transporté devant le prétoire de (du) Chastellet d'Orliens, qui est le lieu acoustumé à faire criz et publicacions.

"Auquel lieu, heure et manière en tel cas acoustumé, pour premier cry et première quinzaine, eust crié et faict cryer et publier à haulte voix que il avoit mis et exposé, mectoit et exposoit ladicte maison dessus déclairée en vente, criées et subhastacions (?), à la requeste dudit procureur, aux charges des cens et droiz seigneuriaulx que peut devoit ladicte maison, pour les deniers qui ystront (découleront) de la vente, tourner, convertir et employer au prouffit du Roy nostre dict seigneur, et ailleurs où raison sera".

 


S'il y a un acquéreur, il faudra qu'il se présente dans les délais prescrits; la même chose s'il s'avérait que quelqu'un revendiquerait des droits sur cette maison :

 

"en faisant assavoir à tous en général que s'il y avoit personne qui ladite maison dessus déclairée voulsist (eut voulu) achapter et mectre à pris, ou sur icelle ou à la distribucion des deniers qui en ystroient aucune chose demander veusist avant, pendant le procès et délay desdictes criées; et il seroit sur tout oy (entendu) et receu, et luy seroit faicte raison et justice.

"Et sinon, lesdictes criées faictes et parfaictes et le décret sur ce donné, jamais aulcun n'y viendroit à temps, mais en seroit du tout fourcloux (forclos) et débouté".

 


Ce qui veut dire que, si des ayants droits existent, ils doivent se faire connaître rapidement sinon la maison reviendra au roi. Puis vient la relation des autres "criées" légales :

 

"Et en continuant lesdictes criées, eust ledit Lignage, sergent et crieur dessus dict, le samedy vingt-deuxyesme jour dudit moys de novembre, mis et exposé ladicte maison en ventes, criées et subhastacions pour second cri et seconde quinzaine;

"Item, pour tiers et tierce quinzaine, le samedy sixyesme jour de novembre. (sic, mais erreur : il s'agit de décembre bien sûr).

"Et pour mectre fin et parachever lesdictes criées, eust icelluy sergent, le samedy vingtiesme jour dudit moys de décembre, ou dit an, exposé et mis ladicte maison en vente, criées et sushastacion pour une huitine (huitaine) d'abondant et dernier cry, auquel cry et aultres précedans il eust faict semblables proclamacions que faict avoir ou dit premier cry;"

 

Le sergent a donc, à chaque fois de la même manière, crié cette affaire aux dates indiquées.

Mais, deux oppositions se soulèvent. Il aura fallu du temps ! Pourquoi la réaction a-t-elle été si tardive ? Quoiqu'il en soit, donc, deux opposants : les religieux du chapitre Saint-Euverte, et un nommé Pierre Le Berruyer.

Ce dernier avait été bénéficiaire, en 1484, d'un don de Jehan du Lys, en l'occurence d'une rente de 4 livres tournois, pour l'aider à terminer ses études de droit à l'Université d'Orléans (voir ci-inclus, acte n°11). Pourquoi fait-il opposition à la vente de cette maison, ou audroit d'usage de celle-ci ? Peut-être avait-il l'intention de la reprendre, en souvenir de son bienfaiteur et de la générosité que celui-ci lui avait manifesté ? On ne sait.

(Petite parenthèse : Le Berruyer semble indiquer que ce Pierre était d'origine berrichonne. Berruyer = berrichon).

Les opposants sont donc convoqués au Châtelet, le 23 février suivant, pour y exposer chacun leurs raisons :

 

"à l'encontre desquelles criées se feussent opposez les religieux, abbé et couvent de l'église monseigneur Sainct-Euverte d'Orliens, et honorable et saige maistre Pierre Le Berruyer.

"A quoy, par ledit sergent, eussent esté receuz et jour à eulx préfix (rendez-vous fixé) et assigné pour dire les causes de leur opposicion, et au dit procureur du Roy, pour soustenir lesdictes criées, à comparoir pardevant Nous, ou nostre lieutenant en Chastellet d'Orliens, au vingt-trois (ème) jour de février prouchain et ensuivant, et pour proceder èsdictes criées, et en oultre ainsi qu'il appartendra par raison, ainsi que ces choses sont à plain contenues et déclairées en la relacion et procès-verbal dudit Lignage, sergent, duquel la teneur s'ensuit".

 


Vient alors le procès-verbal du sergent, reprenant tout ce qui est dit ci-dessus, et qui se termine ainsi :

 

"... Et tout ce, mon très-honoré seigneur, vous certiffie estre vray par ceste ma relacion scellée et signée de mes seel et seing manuel.

"Ce fust faict l'an et jour dessus dits.

"Ainsi signé : J. Lignage".

 


Vient l'opposition du couvent de Saint-Euverte, qui fait valoir que la maison avait jadis été prise à bail par Pierre du Lis :

 

"Auquel jour ou aultre d'icelluy deppendant, ledit procès de criées eust esté rapporté par devers nous.

"Et ce faict, eussions assigné jour ausditz religieux et Le Berruyer à fournir de leurs causes d'opposicion, lectres et tiltres, à certain aultre jour; auquel iceulx religieux, abbé et couvent de Sainct-Euverte eussent fourni de leurs causes d'opposicion, lectres et tiltres, requérans estre préférez et mis en ordre pour la somme de trente-deux solz parisis de rente ferme ou pencion chascun an, paiables aux termes de Sainct-Jehan et Noël.

"Laquelle rente noble homme messire Pierre du Liz, chevalier, dès le huityesme jour de may, l'an mil quatre cens cinquante et deux, pris à tiltre de rente, ferme ou pencion, desdicts religieux, abbé et couvent de Sainct-Euverte, qui luy baillèrent soubz leurs seaulx ladicte maison dessus déclairée, du jour de la Nativité Sainct-Jehan-Baptiste lors prouchaine venans jusques à cinquante-neuf ans prouchains ensuivans; comme tout ce peut apparoir par les lectres dudit bail sur ce faictes et passées lesditz an et jour, et desquelles la teneur s'ensuit".

 


Les religieux font donc valoir que cette maison leur appartient et leur procure des rentes. Ils le prouvent en exhibant le bait fait à l'époque à Pierre du Lis, dont une copie vient alors s'intercaler dans l'acte.

Pierre Le Berruyer ne devait pas avoir d'opposition valable et, en tous cas, pas de document à présenter pour se justifier. Il va se désister.

 

"Et au regard dudit, maistre Pierre Le Berruyer eust déclairé qu'il se désistoit de ses causes d'opposicion, voullant et consentant que ladicte maison fust vendue et décrétée nonobstant icelle opposicion, come par nos lectres d'appoinctement sur ce par nous données, desquelles la teneur s'ensuit, peut à plain apparoir".

 

La cause est entendue. On résume l'affaire, prenant note que le chapitre de Saint-Euverte sera représenté par un dénommé Fleurantin Mairart (c'est le représentant du chapitre ?), et on met à statuer pour un décret dont la promulgation interviendra dans quelques jours.

 


"Saichent tous que en la cause meue et pendant par devers nous, prévost d'Orliens, entre la procureur du Roy, demandeur en procès, d'une maison qui fust à feu Jehan du Liz, comparant en sa personne, contre les religieux, abbé et couvent de Sainct-Euverte d'Orliens, comparant par Fleurantin Mairart, leur procureur, et Me. Pierre Le Berruyer, en sa personne, deffendeurs et opposans.

"A esté tant proceddé, que après que ledit Berruyer s'est désisté de ses causes d'opposicion, voulant et consentant que ladicte maison soit vendue et décrétée (faisant l'objet d'un décret, d'un arrêté), nonobstant ladicte opposicion; avons assigné et assignons jour ausdictes parties, à décréter à jeudy prouchain.

"Donné soubz le seel aux causes de ladicte prévosté, le trente et pénultième (le 31) jour de mars avant Pasques, l'an mil cinq cens cinq;

"Ainsi signé : D. Barbedor".

 

Ca Barbedor était sans doute le tabellion qui rédigeait les actes. Le nom est amusant ! Sans doute était-il blond ?

Précisons ici que, l'année débutant alors à Pâques, le "31ème jour de mars avant Pasques" " était en fait le 31 mars 1506.

Quelques jours plus tard, le 2 avril 1505 avant Pâques (donc 1506), le décret est signé et promulgué. Le texte reprend tout le déroulement ci-dessus, et accorde audit Mairart le droit de tenure de la maison. Il aura ainsi le droit de l'habiter, et de la prendre à bail du chapitre, comme personne d'autre n'en revendique le droit. Il était donc le procureur du chapitre, mais aussi le nouveau tenancier de la maison.

 

"Ausquieulz pris et charges ledit droit de tenue de la maison dessus dicte est demouré audit Mairart, oudit nom, comme au plus offrant et dernier enchéresseur; combien que nous avons enquis et demandé à plusieurs assistans par devant nous, s'il y avoit personne que ledit droit de tenus vousist achapter et acquitter les pris et charges dessus dictes; et sur ce faict longue stacion et demouré. A quoy ne s'est apparu personne.

"Et partant, avons audit Fleurantin Mairart, oudit nom de procureur, vendu, livré et adjugé, vendons et adjugeons par nostre sentence, auctorité et décret, ledit droit de tenue dessus déclairé, aux pris et charges dessus dictes, comme au plus offrant et dernier enchéresseur; en luy en baillant la possession, saisine, seigneurie, fons, tresfons et aultres poursuictes qui en deppendent, par le signe et tradicion d'une plume qu'il a prise et acceptée pour lesditz religieux, abbé et couvent de Sainct-Euverte, leurs successeurs et aians cause ou temps avenir".

 

Que veut dire : "par le signe et tradition d'une plume qu'il a prise et acceptée" ? La coutume voulait-elle alors que, lorsqu'on était d'accord pour une transaction, on reçevait une plume et que, dès lors, la transaction était complète et terminée ? Il serait sans doute intéressant de rechercher si cette mention figure dans d'autres décrets de ce type. Etait-ce une coutume purement Orléanaise ou ducale, ou bien cela se pratiquait-il ailleurs ?

Quoiqu'il en soit, la formule est élégante.

 

"Si donnons en mandement au premier sergent royal en ladicte prévosté et ressorz sur ce requis, que lesdictz religieulx, abbé et couvent de Sainct-Euverte, ou ledit Mairart leur procureur il mecte en possession et saisine dudit droit de tenue de ladicte maison dessus dicte, à présent vandue.

.....

"Donné soubz le scel aux causes de ladite prévosté, le second jour d'avril avant Pasques, l'an mil cinq cens et cinq". (donc 1506).

"D. Barbedor".

 

Là on a précisé que la maison est vendue. Mairart en est donc le nouveau propriétaire.

 

nb : on retrouvera Pierre Le Berruyer en étudiant l'acte n°11.

 

(Archives du Loiret, série H, fonds de Saint-Euverte; liasses des paroisses. Une pièce formée de trois feuilles de parchemin cousues ensemble. Ancienne cote 225).

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